L'unité de fabrication de balais, employant une quarantaine de travailleurs, en majorité des non-voyants, a été fermée la semaine dernière. Les ouvriers sont mécontents des conditions de leur mise au chômage. L'unité de production de balais, relevant de l'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH), ex-Enabros de Tizi Ouzou, vient de mettre la clef sous le paillasson. La décision prise en juin 2009 concerne 31 unités réparties sur le territoire national. Notre visite, cette semaine, dans l'atelier de l'établissement de Tizi Ouzou, a coïncidé avec la signature de la passation de consignes entre le responsable de l'unité et le directeur de l'action sociale de la wilaya de Tizi Ouzou. La liquidation de l'entreprise n'est pas sans conséquences sur les 38 travailleurs dont 29 aveugles. « Aujourd'hui, c'est notre dernière journée de travail », disent dépités les 4 gardiens et le directeur de l'unité, mis au chômage, mais maintenus sur place depuis juin 2009. « On aurait aimé sauver l'établissement par une autre formule au lieu de « balayer » tout le monde. Voir les travailleurs récupérer cette infrastructure, et reprendre la production n'est plus qu'un rêve », dit un travailleur. Les confectionneurs de balais ont été mis au pied du mur en les mettant devant un choix difficile entre le licenciement et les variantes suivantes : départ volontaire avec 30 mois de salaire en plus des primes ; inscription au chômage en attendant l'âge de la retraite, ou la retraite, pour les ouvriers âgés de plus de 59 ans. Un ouvrier s'interroge : « J'ai choisi, après 17 ans de travail, le départ volontaire, moi et 13 autres collègues. C'est vraiment triste, l'Etat n'a rien fait pour sauvegarder ces emplois, source de revenus d'une quarantaine de familles ! » Cela dit, leurs déboires ne s'arrêtent pas là, puisqu'il reste encore plusieurs situations financières impayées. Réunis en janvier dernier avec le directeur de la DAS, les travailleurs ont pu obtenir le versement des allocations familiales. « Mais il reste les primes de scolarité des enfants de 2001 et celles de 2009 qui ne sont pas encore payées, ainsi que les 3 derniers mois pour les salariés maintenus, plus le mois de congé », dit-on. Un non-voyant, mis à la retraite, dit pour sa part : « Certains d'entre nous n'ont pas touché leurs allocations familiales et leurs mois de congé après qu'ils aient été mis à la retraite. » Le travailleur rencontré dans la cour de l'atelier pense que la situation s'est dégradée, surtout après le rattachement en 2001 de l'ex-Enabros, qui dépendait du ministère du Travail, au département d'Ould Abbas, ministère de la Solidarité nationale. Mais avant cette date, l'établissement a été secoué pendant les années 1990 par l'ouverture du marché avec pour conséquences : la concurrence déloyale, les difficultés à commercialiser le produit et autres complications inhérentes au salaire et à la sécurité sociale. À cet effet, l'ex-Enabros a été mise sous assistanat au lieu de lui donner les moyens économiques pour se relever et conquérir le marché.