Le péril acridien ne représente plus une grande menace. C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée par le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR), Abdeslam Chelghoum, au siège du ministère. La phase automnale « est clôturée sur une très grande victoire eu égard aux objectifs assignés, à savoir éviter que le criquet dépasse l'Atlas saharien et des dégâts sur l'économie agricole », a-t-il dit en substance. Faut-t-il pour autant jubiler de cette issue heureuse de cette phase qui était tant redoutée avant son avènement ? Pour le SG du MADR, assurément non. D'autant plus que la menace plane toujours, notamment du côté de la frontière ouest d'où le danger pourrait venir durant la phase printanière. Une réunion qui regroupera des experts algériens, marocains et mauritaniens se tiendra avant mercredi prochain en Algérie ou au Maroc pour mettre au point les derniers préparatifs en prévision de cette phase. Actuellement, un dispositif a été arrêté pour combattre le criquet à l'état larvaire, a indiqué M. Chelghoum. Il sera déployé dans le grand Erg oriental qui comprend les wilayas de Ouargla, El Oued et Biskra ainsi que le nord du plateau de Tadmaït (Ghardaïa, Laghouat). Ainsi, 9 hélicoptères et 16 véhicules de prospection ainsi que 51 camions et 12 avions de traitement seront à pied d'œuvre pour traquer les larves et les traiter systématiquement sur les lieux d'éclosion. Un autre dispositif, à une échelle plus réduite, a été mis en place entre l'Algérie et la Mauritanie depuis décembre 2004 et est toujours en vigueur. Il vise à lutter contre le criquet pèlerin au nord de la Mauritanie. Un phénomène biologique nouveau en Algérie inquiète les spécialistes. En effet, des populations de criquets constituées à 93% d'ailés roses ont atteint leur maturité sexuelle alors qu'elles étaient considérées comme étant immatures. « Cette particularité qui constituait un danger réel d'intensification et de multiplication des criquets durant la campagne printanière », souligne-t-on, a poussé les responsables à prendre des mesures pour mettre hors d'état de nuire ces effectifs. Pour éloigner définitivement le risque, l'Algérie envisage de mettre en place un dispositif préventif qui sera opérationnel d'une manière permanente dans les pays du Sahel. Une telle approche permettra de cantonner les populations acridiennes dans cette région et de l'empêcher d'atteindre le Maghreb. Pour ce faire, l'Algérie compte sur l'implication de ses voisins, en l'occurrence le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. La lutte antiacridienne a coûté, depuis octobre 2003, 17 milliards de dinars, mais cela a permis de sauver une production agricole dont la valeur annuelle est de 7 milliards de dollars, a soutenu le conférencier. Près de 12,9 millions d'hectares, dont 9,5 rien qu'au Maroc et en Algérie, ont été infestés et traités jusqu'à présent dans la sous-région du Maghreb et @au Sahel.