La compagnie aérienne publique Tassili Airlines, filiale de l'entreprise pétrolière Sonatrach, a été mandatée par le gouvernement pour gérer la lutte antiacridienne dans son aspect aérien, a annoncé jeudi Chelghoum Abdeslam, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, lors d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec le chef du poste de commandement central, Ali Moumène. Cette entreprise a été chargée d'affréter les 48 avions nécessaires pour la lutte aérienne contre le criquet. Les déclarations du secrétaire général du ministère de l'Agriculture ne semblent pas être fortuites. Elles interviennent au moment où des rumeurs font état d'irrégularités qui auraient entaché l'attribution des marchés aux entreprises chargées de la lutte aérienne. Certains ont même évoqué « une mafia » du criquet. M. Chelghoum a vite fait de préciser qu'aucun cadre du ministère qu'il représente n'a été associé aux choix de la compagnie Tassili Airlines. Il n'a pas tari d'éloges à l'encontre de cette filiale de Sonatrach. « Ce sont des professionnels et ils sont qualifiés pour ce genre de mission », a-t-il dit en réponse à ses détracteurs. D'après lui, l'attribution des marchés aussi bien pour l'acquisition des produits que des appareils pour les besoins de la lutte antiacridienne se fait dans la plus grande transparence. « Nous avons négocié pour avoir le plus possible d'avantages », a-t-il indiqué. Il est à rappeler que dans le cadre du dispositif mis en place, le gouvernement a décidé de privilégier la lutte aérienne car plus efficace. Selon le conférencier, 14% de la surface infestée ont été traité par voie aérienne lors de l'invasion fin 2003 et début 2004 où seuls 8 avions avaient été mobilisés pour les besoins de la lutte. « Nous n'aurions pas eu à traiter 2,6 millions d'hectares si nous avions plus d'avions », a-t-il dit à ce propos avant d'ajouter : « Avec la désignation de Tassili Airlines, on revient à la situation de 87-88 où la DTA, filiale d'Air Algérie (actuellement dissoute) gérait 52 appareils. » Actuellement, 14 wilayas dont une dans le nord du pays font face au péril acridien. Les conditions climatiques sur fond de vents du Sud très forts ont favorisé le déplacement des populations de criquets pèlerins vers le nord du pays. Ainsi, des essaims de criquets ont été signalés dans la wilaya de Aïn Defla où 200 ha ont été infestés dont 110 ont été traités. La surface infestée jusqu'à présent dépasse les 90 000 ha. Mais ces incursions ne semblent pas inquiéter outre mesure les services du ministère de l'Agriculture qui considèrent qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer. « Le dispositif mis en place couvre la phase automnale et la phase hiverno-printanière. Plus de 5 millions d'hectares seront infestés selon nos prévisions alors que le dispositif a été conçu pour traiter 8 millions d'hectares », selon Ali Moumène. « Cette fois-ci, ce sont les larves qui constituent un danger. La ponte va se faire dans les zones agricoles et notre objectif est d'empêcher la reproduction », a-t-il affirmé également. L'Algérie a réclamé à l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) 250 GPS pour améliorer la prospection et la justesse d'intervention ainsi que d'autres matériaux, a fait savoir M. Moumène. Les dégâts causés par l'invasion de 2003-2004 ont été estimés à 4 à 5% de la production agricole nationale. Mais ces chiffres, affirme-t-on, ne sont pas définitifs et des enquêtes sont en cours.