C'est l'incertitude totale au niveau des établissements scolaires sur lesquels plane le spectre d'une année blanche. Le retard accumulé jusque-là sera difficile à rattraper, sachant que les enseignants ne comptent plus reprendre le chemin des classes tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites. Impasse ! Le bras de fer opposant le ministère de l'Education nationale aux deux syndicats autonomes, le Cnapest et l'Unpef, se durcit davantage. Les deux parties ne sont pas prêtes à faire des concessions. Conséquence : l'année scolaire risque d'être compromise et les élèves sont les seuls perdants. Alors que les deux organisations syndicales maintiennent leur grève d'une semaine reconductible, entamée le 24 février dernier, le ministère estime que l'action « est aujourd'hui injustifiée ». Quelle est la solution ? C'est l'incertitude totale. Le spectre d'une année blanche est de plus en plus menaçant, car il serait difficile, voire impossible de rattraper un retard supplémentaire. C'est l'avis des syndicalistes qui ont initié cette grève : « Déjà, le retard causé par le débrayage de trois semaines, en novembre 2009, on ne l'a pas encore rattrapé… Si la grève actuelle dépasse les deux semaines, je peux dire que nous allons inévitablement vers une année blanche », déclare Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest. Selon lui, les enseignants ne comptent plus reprendre le chemin des classes si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Au troisième jour de grève, la mobilisation des enseignants, estime-t-il, est toujours importante. « Le mot d'ordre de grève a été respecté à hauteur de 93% par les enseignants du secondaire et à 90% dans le primaire et le moyen », ajoute-t-il. Le responsable du Cnapest affirme que le syndicat ne peut rien faire dans la situation actuelle. « La base ne croit plus à rien. Le seul geste qui puisse tranquilliser les enseignants est la satisfaction de toutes leurs revendications », dit-il, en jetant la balle au ministère de l'Education. M. Boudiba affirme qu'il comprend parfaitement l'inquiétude des parents d'élèves. « Les syndicats ne sont pas, toutefois, responsables de cette situation. C'est au ministère de prendre ses responsabilités. Le ministre de l'Education nationale n'a qu'à signer le décret relatif à la gestion des œuvres sociales et relancer les négociations sur la question de la médecine du travail », explique-t-il. Outre les revendications relatives à la gestion des œuvres sociales et la médecine du travail, l'Unpef demande également la révision du régime indemnitaire en incluant les quatre indemnités créées dans le cadre de la commission mixte. La prime de rendement sera versée en avril Pour sa part, le ministère de l'éducation nationale considère que le dossier du régime indemnitaire est définitivement clos. « L'éducation est le secteur le plus rémunérateur, aujourd'hui. Des efforts considérables ont été consentis par les pouvoirs publics pour satisfaire les exigences financières des enseignants. La revalorisation du régime indemnitaire des enseignants a pris 74% de la somme totale consacrée à l'augmentation des salaires des fonctionnaires. 103,5 milliards de dinars sur la somme totale de 143 milliards de dinars ont été consacrés à la revalorisation des salaires des travailleurs du secteur de l'éducation », souligne le conseiller de la communication au ministère de l'Education nationale. A cela, explique-t-il, il faut ajouter la somme de 310,2 milliards consacrée au paiement des rappels. Il revient également sur la question de la médiatisation des salaires des enseignants. Selon lui, le ministère « n'avait aucune intention de porter atteinte à leur dignité ». Revenant sur la prime de rendement, qui a également suscité des incompréhensions chez les syndicats, notre interlocuteur précise que « celle-ci sera versée à tous les travailleurs du secteur qui assurent régulièrement leur tâche ». « De plus, cette prime, qui était versée chaque six mois dans le passé, sera perçue tous les trois mois à la faveur du nouveau régime indemnitaire. Il faut souligner aussi que cette prime est indexée sur le salaire principal et non pas sur le salaire de base », enchaîne-t-il. Le responsable du ministère rappelle toutefois que les enseignants « ne toucheront pas cette prime au début du mois de mars prochain, mais en avril ». Au sujet des deux autres dossiers, il précise que leur traitement est toujours en cours. Avant d'interroger : « Ces deux dossiers sont-ils des motifs convainquants pour maintenir la grève ? » Au sujet des risques qui planent sur l'année scolaire, l'orateur interpelle les enseignants. « Ils doivent mesurer les grands acquis et prendre leurs responsabilités », conclut-il, en précisant que les volumes horaires sont incompressibles.