Il y a quelques années, des spécialistes regrettaient que l'école algérienne ait produit des terroristes. Depuis, des réformes ont été engagées. Evidemment, la tutelle est satisfaite des premiers résultats, ce qui est loin d'être le cas pour les professionnels du secteur. Le fait que la refonte du système éducatif ait été ponctuée par des grèves cycliques nous amène à une interrogation : que produira l'école des grèves ? À cette question, les enseignants rencontrés répondent : “Certainement pas des terroristes mais les diplômés marqués par les grèves arriveront sur le marché du travail avec un niveau faible pas vraiment à la hauteur.” Les enseignants sont unanimes à dire que les grèves cycliques marqueront à jamais le rendement de l'école algérienne. Aujourd'hui, force est de constater que même si le spectre de l'année blanche que redoutaient les élèves et leurs parents est, sauf imprévu, éloigné mais leur cursus scolaire en prendra un sérieux coup. Question : l'enseignement se limite-t-il au passage avec succès d'une année à l'autre ? Peu importe ce que l'élève a pu retenir comme savoir et connaissances, l'essentiel c'est qu'il ne soit pas recalé ? C'est assurément non, car le passage d'une classe à l'autre entend que l'élève a eu le temps nécessaire pour assimiler toutes les connaissances de la classe précédente. Le programme se poursuit et il y a des notions que l'élève devait avoir eu précédemment car à chaque palier son plan de travail et ses connaissances. Mais quand la moitié du programme scolaire tracé par la tutelle n'a même pas été achevée en raison des débrayages, l'élève assure, certes, son arrivée à une classe supérieure mais avec un niveau inférieur qu'il ne pourra jamais rattraper. “L'élève peut certainement s'améliorer dans telle ou telle matière en prenant des cours de soutien mais il ne pourra jamais rattraper le retard. Car, pour ce faire, il faut le bourrer machinalement de concepts et autres connaissances sans lui donner le temps nécessaire pour l'assimilation. Le bourrage n'est pas la solution”, explique un enseignant. Un conseiller de l'éducation nous dira que le retard cumulé en raison des grèves ne peut être rattrapé qu'avec la modification des programmes scolaires. “C'est-à-dire consacrer le premier trimestre de chaque année aux cours qui n'ont pas été enseignés l'année d'avant et ce, jusqu'à la classe de terminale. Sinon, c'est perdu. Le diplômé de l'école des grèves, même s'il réussit ses études, restera toujours amputé d'une partie de l'enseignement.”