L'Union des handicapés moteurs de la wilaya d'Alger organise, depuis samedi dernier, des festivités culturelles et de loisirs à la médiathèque de la place du 1er Mai, et ce, à l'occasion de la Journée nationale des handicapés qui coïncide avec le 14 mars de chaque année. Des tableaux, des dessins, de la broderie et beaucoup d'autres réalisations sont exposés au rez-de-chaussée de cet établissement sous l'égide de l'EPIC Arts et Culture. « A travers cette manifestation, nous voulons dire à tous les gens normaux que le handicapé et aussi un être humain à part entière. Il est aussi créatif que n'importe qui. Il a besoin d'être considéré comme tel par la société et par l'Etat », indique un organisateur. Abdelkader Bentir, 50 ans, handicapé depuis sa première année de naissance et peintre de son état, va plus loin : « Nous voulons interpeller et attirer l'attention de la société civile, des pouvoirs publics, de tous les gens, à travers ces tableaux, quant à la nécessité de la prise en considération du handicapé en tant qu'être humain. » Et d'ajouter : « J'ai abordé plusieurs thèmes dans mes toiles. Mais il reste que le thème central et mon handicap, mon état de sinistré, ma situation de misère sociale. Un quotidien dans lequel vivent beaucoup de gens comme moi. » Dans un tableau, on peut voir, en effet, un handicapé moteur pris « en otage » par des escaliers qu'il doit monter afin d'arriver à sa destination. Son ami, Sam, jeune dessinateur, crie avec toutes ses forces, la marginalisation de cette catégorie sociale. « Tu vois ce tableau, nous dit-il, le ciel en noir signifie la société avec tous ses préjugés. Les vagues, c'est notre Etat. L'homme dans sa chaloupe en pleine mer agitée, c'est le handicapé dans sa vie de tous les jours. » Abdelmadjid Ourabah, l'autre dessinateur, montre fièrement le portrait de sa mère. « C'est ma mère. C'est elle qui me fait descendre les escaliers chaque fois que j'ai envie de sortir. Nous habitons au cinquième étage et elle est, la pauvre, obligée de m'assister tous les jours », se désole-t-il. Du côté des femmes, les activités foisonnent. « J'entretiens un site Internet où je propose mes tableaux à la vente. » Elle, c'est Assia Zemouche. D'autres jeunes filles, à l'exemple de Hayat Oudjit, proposent, pour exposition et vente, une longue série de draps, de nappes, de robes traditionnelles ainsi qu'une armada d'accessoires. Le tout est superbement confectionné. Côté visiteurs, on ne se bouscule pas en ce début de matinée de dimanche. « C'est une journée de travail », précise un organisateur. Ceux qui nous rendent visite ne se font pas prier pour écrire un mot à ces handicapés. « Un très bon travail. Je vous souhaite du succès dans votre vie quotidienne », leur écrit un jeune homme. A noter que la clôture de cette manifestation aura lieu aujourd'hui avec la présentation, à 13h, d'une pièce de théâtre, d'une lecture de poésie ainsi que la chanson avec la voix douce de la charmante Mlle Bentir. Allez les voir, et surtout écrivez un mot pour eux, cela leur fera assurément chaud au cœur.