Dans une enquête publiée cette semaine sur le site du pure player Maghreb Emergent, l'expert algérien Ferhat Aït Ali a émis de sérieux doutes quant à la viabilité et les objectifs des projets initiés par AIAG avec des partenaires algériens. Sollicité par nos soins, le PDG de la laiterie algérienne privée Tifra Lait, Medjkane Mohamed, partenaire d'AIAG dans le mégaprojet agricole d'Adrar, n'a pas souhaité faire de plus amples déclarations, se contentant de dire que le projet en question est en cours d'exécution. Au lendemain de la publication en deux parties de ladite enquête, le consortium américain AIAG réagissait en regrettant une «information inexacte et erronée». AIAG qui a réuni un consortium de sociétés américaines «de premier plan (…) apporte la dernière technologie et le savoir-faire à nos coentreprises qui nous permettent de mettre en œuvre des projets à grande échelle, dans un environnement efficace et productif compatible avec un modèle américain. Cela a été démontré par la mise en œuvre qui est en cours à El Bayadh de notre projet Al Firma Al Asria, une coentreprise avec nos partenaires Lacheb», a écrit le consortium américain dans une réponse publiée hier sur le portail d'information Maghreb Emergent. Et d'ajouter : «L'article questionne la capacité d'AIAG à mettre en œuvre de tels projets. Nous invitons les médias à venir à El Bayadh à la mi-mars pour observer et juger eux-mêmes la plantation de la première phase de notre projet de 20 000 hectares. Ce projet, sans précédent, démontre l'engagement d'AIAG et de notre partenaire à aider l'Algérie à diversifier son économie, à réduire ses importations, à ouvrir la porte à l'exportation vers d'autres marchés et à démontrer à ses agriculteurs des systèmes agricoles nouveaux et efficaces pour cultiver des produits agricoles.» A propos des doutes émis sur les volumes de production projetés et jugés irréalistes, le consortium américain a fait savoir que «nos volumes prévus à l'hectare sont basés sur des faits. Nous avons réalisé ces volumes aux Etats-Unis. Par exemple, la production moyenne d'une vache laitière aux Etats-Unis est de 32 litres par jour. Pour les semences de pomme de terre, la production moyenne est de 50 tonnes par hectare et par saison. Nous mettons en œuvre un modèle américain en Algérie qui produira ces mêmes résultats». Et de conclure : «AIAG et ses partenaires de confiance ont engagé des ressources importantes pour assurer le succès de ces projets stratégiques. L'avenir est le juge ultime.» Pour rappel, le consortium américain AIAG a engagé d'importants projets dans le domaine agricole avec des partenaires locaux. D'un montant de 250 à 300 millions de dollars, le premier accord d'investissement, conclu avec la compagnie laitière algérienne privée Tifra Lait, prévoit la réalisation dans la wilaya d'Adrar, sur une superficie s'étendant sur 25 000 hectares, de plusieurs projets dans les filières pomme de terre, engrais, céréales, élevage laitier et aliments de bétail. Ces projets agricoles sont destinés à la production de 22 000 tonnes de céréales, 105 000 tonnes d'aliments de bétail, 190 millions de litres de lait et 20 000 tonnes de viande rouge par an. La joint-venture algéro-américaine, créée conformément à la règle des 51/49% appliquée sur les investissements étrangers en Algérie, prévoit de générer 1500 emplois. Le second projet de partenariat algéro-américain, lancé par le groupe privée Lacheb et AIAG, a pour but l'élevage de vaches laitières et la production céréalière et fourragère dans la wilaya d'El Bayadh. La coentreprise baptisée Al Firma, qui dispose d'un investissement initial de 100 millions de dollars, sera détenue à 51% par le groupe algérien. S'étendant sur une superficie de 25 000 hectares (ha), dont 5000 ha réservés à l'élevage de vaches laitières et autres bovins, cette exploitation agricole produira du blé dur, de l'orge, du fourrage, de la pomme de terre et activera aussi dans l'ensilage du maïs, sur une superficie globale de 20 000 ha. Ce projet démarrera avec la plantation de 1440 ha en 2017 et augmentera progressivement la cadence jusqu'à l'exploitation de toute les terresen 2019. A terme, la ferme devrait produire annuellement 72 000 tonnes de blé dur, 76 000 tonnes de fourrage, 77 000 tonnes d'orge, 350 000 tonnes d'ensilage de maïs et une moyenne de 60 tonnes/hectare de pomme de terre. A ces activités viendront se greffer la production d'engrais biologiques et l'engraissement de bovins. La coentreprise prévoit la création de 3000 emplois.