Sonatrach vient de se constituer partie civile dans le lourd dossier actuellement en instruction auprès du tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, apprend-on de source proche du dossier. La compagnie a, de ce fait, déposé une plainte contre les 9 cadres dirigeants et les 5 autres personnes, les 2 enfants de Mohamed Meziane, l'ancien DG du CPA et son fils, ainsi qu'un entrepreneur privé, associé d'un des fils de Meziane dans le groupement algéro-allemand Contel, de matériel de télésurveillance, poursuivis dans le cadre de cette affaire. Ce qui met un terme à toute polémique sur la position à adopter par la compagnie pétrolière face à cette affaire qui a éclaboussé ses quatre vice-présidents, deux cadres dirigeants ainsi que son PDG. En effet, dès la présentation de ces derniers devant le parquet, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait surpris l'opinion publique avec son « je ne savais pas » et s'est même empressé d'annoncer que Sonatrach allait « constituer un groupe d'avocats pour défendre ses cadres en vertu de la convention collective ». Il saisit deux grands avocats d'Alger pour leur remettre le dossier, mais se rétracte quelque temps plus tard. Il est vrai que la convention dont a parlé Chakib Khelil garantit effectivement la protection juridique des travailleurs de Sonatrach, mais uniquement lorsque ces derniers font l'objet de « diffamation, d'outrage, d'injures, de menaces de brimade, de voie de fait, de pression ou de tentative visant à les influencer ou les inféoder ». Et uniquement dans ces cas, la compagnie « doit procéder ou faire procéder à la réparation des préjudices matériels et moraux », tel que le précise son article 5. Ce qui n'est pas le cas pour cette affaire. En dépit du fait que les prévenus bénéficient du droit à la présomption d'innocence, il reste néanmoins que les faits sont extrêmement graves et ne constituent pour l'instant que l'arbre qui cache la forêt tant les responsabilités ne peuvent se limiter uniquement à ceux qui ont été jusqu'ici inculpés. De ce fait, Sonatrach ne peut rester en dehors d'un dossier judiciaire qui concerne sa gestion. A un moment ou un autre (le code de procédure pénale lui laisse le temps jusqu'à l'ouverture du procès), elle sera obligée de se constituer partie civile, auprès du tribunal, et défendre ainsi ses intérêts. Chakib Khelil a visiblement abandonné l'idée que le dossier entre les mains de la justice puisse être le résultat d'un règlement de comptes. En tout état de cause, l'instruction dans le fond s'est poursuivie, durant ces deux dernières semaines, par l'audition entre autres de l'ancien PDG du CPA (Crédit populaire d'Algérie), Hachemi Maghaoui, ainsi que son fils, qui devraient être confrontés avec d'autres prévenus. Le dossier, faut-il le rappeler, concerne les marchés de gré à gré, donnés à des sociétés, notamment le groupement Contel et Saipem (société française), dans lesquels les enfants de l'ancien PDG exercent, et ceux des travaux du nouveau siège de l'entreprise. Les premières auditions auraient permis d'ouvrir d'autres pistes d'investigation, notamment celles liées aux prises en charge à l'étranger et des dépenses astronomiques du département de l'activité centrale.