Ceci nous laisse dire que le numérique a induit d'importantes mutations au niveau des institutions et des sociétés», a déclaré le recteur de l'université Frères Mentouri de Constantine 1 à l'entame de son allocution, lundi, lors de la Journée numérique (RUN-UP,) organisée au campus des 500 places. Abdelhamid Djekoun développera son préambule en insistant sur les secteurs de l'éducation et l'enseignement supérieur : «L'éducation comme l'enseignement supérieur sont aussi des secteurs qui sont marqués par ce bouleversement généré par le développement du numérique du fait que l'internet a permis de mettre à la disposition de tout un chacun des savoirs, des connaissances et de l'information en dehors des structures et des institutions conventionnelles reconnues. A l'université, le numérique est devenu porteur de nouvelles formes d'enseigner, d'apprendre, de travailler et de produire le savoir. Cette évolution des pratiques pédagogiques liées à l'utilisation du numérique est le fruit de la synergie créée par la recherche dans le domaine de l'innovation pédagogique, qui a fait du digital un support incontournable dans le champ de la formation universitaire.» D'où l'essence de cette rencontre universitaire numérique (RUN) dédiée aux structures, formations, plateformes, innovations et stratégie enclenchées depuis plusieurs années. «L'UFMC a, depuis 2012, mis en place une stratégie de formation des concepteurs pour une durée de six mois», a détaillé Ahmed Belhani, chargé de la présentation du volet «Tic et pratiques pédagogiques» qui reviendra sur les dispositions humaines et matérielles à cet effet dont les salles de formation et l'encadrement par l'équipe d'ingénieurs. Pour mieux mettre en évidence cette stratégie universitaire en numérique, la vice-rectrice, Nadia Yekhlef, rappellera entre deux interventions que l'université Mentouri avec ses 14 tuteurs assure sept formations ouvertes aux 71 établissements du territoire national, soit 2000 enseignants. Autrement, 59% des établissements à l'échelle nationale ont bénéficié de la compétence de l'UFMC. MASTER À DISTANCE Et ce n'est pas tout. La même université leur dispense aussi des cours de langues étrangères. Et l'ambition mesurée pour la création d'écoles numériques de langues arabe, française et anglaise. Concernant le E-Learning, sa couverture est de 24%. C'est pour répondre à une demande et en vue d'acquérir une compétence que le Master à distance en administration locale a été initié à partie de l'année 2017. Selon Riad Siaf l'un des formateurs, cette option a fédéré 649 apprenants inscrits, répartis sur le nord et le sud du pays dont d'ailleurs un Qatari et deux Tunisiens. «Ce cursus engage 20 tuteurs, 5concepteurs de cours, un coordinateur, un concepteur de module, un responsable de tutorat, 8 responsables pédagogiques de modules, un responsable de la formation, un responsable technique et 2 tutorats techniques», a-t-il expliqué, précisant que le programme s'effectue sur 40 heures en moyenne : «L'unique désavantage de l'enseignement à distance est l'isolement que peut ressentir l'apprenant. Nous tenterons d'y remédier avec l'apprentissage collaboratif». Et de rappeler que la mise en ligne des cours sur la plateforme ne peut avoir lieu qu'après validation par un second concepteur. Et partant, la relation entre enseignant et apprenant prend d'autres formes et appellations. «Tous ces aspects montrent bien qu'avec l'avènement du numérique et son utilisation dans la pédagogie, que la relation entre l'enseignant et l'étudiant s'est complètement transformée, où l'enseignant est devenu un accompagnateur, un médiateur, un tuteur, un coordonnateur et l'étudiant un acteur de sa formation. Aussi, cette situation fait qu'aujourd'hui nous assistons à l'émergence de nouveaux métiers dans le monde de l'éducation en général et celui de l'enseignement supérieur en particulier. Métiers qui méritent d'être répertoriés, référencés et classés en tant que métiers du futur», indiquera Abdelhamid Djekoun. CLOMs, MOOCs et ATAWADAC Pour les organisateurs de cette RUN-UP, les avancées dans l'utilisation de numérique au profit de la pédagogie ont dépassé largement la logique du recours à un simple outil ou à un simple moyen pour réaliser un travail intellectuel, scientifique ou d'enseignement, car «nous sommes en face d'une véritable culture, celle du numérique qui a ses règles, sa démarche, sa philosophie et ses concepts. C'est une véritable révolution qui nécessite de la médiation, surtout entre les natifs et les immigrants de cette culture, de l'éthique, de la régulation et de la maîtrise de ses fondements.» Et à eux de noter que le numérique, quand il est au service de la formation et de l'apprentissage, a réussi à engendrer une importante production de contenus qui sont déclinés en cours en ligne ouverts et massifs (CLOMs ou MOOCs), une diversité et une richesse de ressources pédagogiques, la construction de plateformes d'acquisition des compétences et de découvrir des métiers et cela grâce à la simulation et la modernisation, la création de nouvelles technologies destinées à l'exploitation et l'élaboration de nouveaux produits et savoirs originaux dont les technologies de la vidéo numérique, la promotion d'environnements collaboratifs, donnant une autre dimension à la relation d'apprentissage et de formation entre l'étudiant et l'enseignement, et enfin l'accès à n'importe quel savoir, de n'importe quel endroit, à n'importe quel moment et à n'importe quel contenu (ATAWADAC). L'université FMC, en organisant cette rencontre sur le numérique et sa relation avec les activités pédagogiques, vise à travers ces 5 plans d'action à établir un état des lieux en la matière, partager les bonnes pratiques, concevoir un dispositif construit entièrement sur le numérique pour permettre le rapprochement de l'université avec le monde de l'entreprise. «Investir dans le numérique, c'est investir dans l'innovation et le développement des capacités de notre université, particulièrement pour améliorer sa visibilité internationale. Le programme de cette journée est aussi conçu pour encourager les enseignants à utiliser les outils numériques pertinents dans leurs enseignements, de se familiariser avec les différentes plateformes et d'exploiter les potentialités de ces outils numériques (calcul, simulation, modélisation, dessin, portfolio…) pour la réussite de l'étudiant», a conclu le recteur de l'UFMC.