Pour la célébration de son trentième anniversaire prévue à la rentrée, le Ciné-club de Mascara prépare un programme qui fera sans nul doute la part belle au septième art. Un dossier présentatif de la manifestation est en cours d'achèvement pour être soumis notamment au ministère de la Culture et à la wilaya. Cet anniversaire sera accompagné d'une rencontre des ciné-clubs actifs du pays. En ce moment-même, le ciné-club de Mascara, qui dépend, rappelons-le, de l'Association culturelle Emir Abdelkader de la même ville, multiplie les contacts en vue de recenser les ciné-clubs nationaux. Il s'agit notamment de repérer ceux qui activent de manière régulière et disposent d'une expérience minimum, à l'exemple du ciné-club PerséCiné de Sétif. Ce travail permettra de tenir une rencontre de toutes ces structures, généralement organisées dans le cadre associatif, pour échanger les expériences et établir un inventaire national de l'activité. A terme, il est envisagé de créer une fédération nationale des ciné-clubs algériens, à l'image de celles qui existent dans le monde ou, plus près, au Maroc et en Tunisie. Une fédération de ce type existait déjà en Algérie. Disposant d'un siège à l'avenue Pasteur à Alger, notre confrère, Abdelhakim Meziani, critique de cinéma, en a été le président de 1972 à 1986, réussissant à être élu vice-président de la fédération internationale et SG de l'Union maghrébine des fédérations de ciné-clubs, aujourd'hui défunte. La tutelle politique du parti unique sur la fédération algérienne avait conduit alors de nombreux ciné-clubs à ne pas y adhérer. Il faut préciser aussi que les collectifs de cette période étaient soit éphémères, soit irréguliers, du fait des difficultés énormes pour disposer d'une salle, de matériel de projection (16 ou 35 mm) et surtout de films ! L'histoire culturelle du pays retiendra que la Cinémathèque algérienne a souvent aidé les ciné-clubs à disposer gracieusement de copies de films. Une générosité qui a permis de soutenir un mouvement large et profond, mais qui, dans les conditions d'organisation des collectifs et leurs moyens limités, a entraîné parfois la dégradation d'œuvres rares. S'agissait-il du prix à payer pour une large diffusion dans la société algérienne d'une culture cinéphilique irriguée aussi par l'exceptionnelle émission d'Ahmed Bedjaoui, «Télé-Ciné-Club», sur la chaîne publique alors unique ? Aujourd'hui, dans le monde entier, avec des technologies plus performantes et accessibles, les ciné-clubs contribuent encore à la formation des cinéphiles et des cinéastes, comme à l'élévation générale du niveau culturel. Leur rôle éducatif, artistique et citoyen est partout souligné. Les fédérations nationales ont créé en 1947 à Cannes la Fédération internationale des ciné-clubs (FICC) qui regroupait 30 pays en 2010. Cette fédération promeut les échanges entre ses membres et s'adonne à de nombreuses autres activités. Elle décerne notamment le Prix Don Quichotte à travers 13 festivals d'Europe et d'Amérique latine. D'ailleurs, le beau film d'Amor Hakkar, La Maison jaune, a été lauréat de ce prix en 2007 au Festival de Locarno. La création d'une Fédération algérienne des ciné-clubs pourrait apporter une contribution importante au développement du septième art en Algérie et accompagner l'effort public pour rétablir un véritable réseau de distribution en redonnant envie aux spectateurs de reprendre le chemin des salles obscures. Le CADC (Centre algérien du développement du cinéma) et la Cinémathèque algérienne voient d'un très bon œil l'initiative du ciné-club de Mascara et la démarche proposée. Pour notre part, nous lui apporterons un soutien constant en raison de son utilité publique culturellement profonde et, de plus, budgétairement faible.