Les femmes sont condamnées à lutter pendant toute leur vie, des luttes par lesquelles beaucoup d'acquis ont été arrachés, mais il reste encore d'énormes combats à mener, entre autres la lutte contre les maladies et la mauvaise prise en charge. Les maladies cardiovasculaires et les tumeurs cancéreuses viennent en tête des causes de décès en Algérie, en attestent les registres portant déclaration des causes médicales de décès de l'Institut national de santé publique (INSP). A défaut d'une prise en charge adéquate dans les structures de santé, des centaines de patients décèdent de ces lourdes pathologies. Les patients souffrant des maladies cancéreuses sont les plus touchés, particulièrement les femmes. Chaque année, environ 7500 cas de cancer du sein sont enregistrés dans notre pays, tout en sachant que ce type de maladie chez la femme et constitue la première cause de mortalité. Environ 3500 décès sont enregistrés chaque année et l'absence d'une politique nationale de prévention, fait que ce type de maladie explose d'année en année. Qu'en est-il de la prise en charge ? Les moyens mis à la disposition de cette population déjà fragilisée par la maladie demeurent insuffisants, le nombre de malades augmente d'année en année et les structures restent les mêmes. Les malades ne cessent de lancer des cris de détresse, en vain. Elles sont nombreuses ces femmes déjà condamnées par leurs proches parce qu'elle elles ont un cancer mal pris en charge par un système de santé défaillant à différents niveaux. Même si certaines bénéficient des premiers soins, notamment la chirurgie, ce qui doit suivre en termes de traitement d'entretien pour espérer une guérison, ce n'est malheureusement pas toujours possible. Par manque de places dans l'unique centre de lutte contre le cancer à Alger, le centre Pierre et Marie Curie qui accueille les malades des quatre coins du pays, ces femmes sont aussi nombreuses à quitter l'hôpital pour aller prendre le dernier transport, à savoir le train les séparant de leur ville, à 300 à 400 km d'Alger. D'autres n'arrivent même plus à décrocher un rendez-vous pour entamer leurs premières séances de chimiothérapie après une ablation du sein. Les appareils de radiothérapie sont constamment en panne, alors que les médicaments anticancéreux vitaux et autres produits de chimiothérapie sont en rupture de stock continuelle. Les centres de soins sont soumis à des perturbations sans précédent dans les services de radiothérapie. « 50 personnes cancéreuses meurent chaque jour en Algérie, dont 10 femmes du cancer du sein, 4 autres du cancer du col de l'utérus et 9 personnes des deux sexes du cancer du poumon », a tenu à signaler, Mme Ketab Hamida, présidente de l'association El Amel, avant de souligner que les patients succombent alors qu'ils sont en voie de guérison. Dans le cas des cancers du sein, a regretté la conférencière, les femmes rechutent souvent avant même d'entamer leur première séance de chimiothérapie. « De nombreuses femmes sont décédées alors qu'elles attendaient un dernier rendez-vous », a-t-elle dit. Elle poursuit : « Ces malades, en état de récidive et métastasées, décèdent plus à cause de la négligence que du cancer. » Par ailleurs, elle a toujours soulevé le problème des ruptures de stock en médicaments. « Nous avons reçu des patients munis d'ordonnances pour acheter des médicaments strictement hospitaliers et qui ne peuvent être servis en pharmacie », a-t-elle ajouté. Des médicaments coûtant quelque 4000 DA la boîte. Un drame vécu au quotidien par toutes ces femmes qui ne demandent qu'à être soulagées d'une souffrance qui ronge leur corps et traitées comme des êtres humains pour qui le droit à la santé soit un droit élémentaire. D'ailleurs, la Journée du 8 mars, la 100e édition, sera consacrée à toutes ces victimes d'un mal du siècle qui est pourtant évitable.