La lutte contre le cancer doit constituer aujourd'hui une priorité nationale. A ce propos, le professeur Bouzid espère que les hautes autorités du pays se penchent sérieusement sur le problème. Le spécialiste a souligné également, lors de la journée d'information et de sensibilisation sur le cancer organisée hier par l'association El Amel au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger, l'urgence de mettre en place un plan national de lutte contre le cancer et procéder à la création d'un institut national du cancer qui n'est pas une structure de prise en charge. Après avoir donné un aperçu sur la situation actuelle, l'incidence et la prévalence des maladies cancéreuses, le professeur Bouzid a tenu à souligner que la prise en charge des cancers demeure encore insuffisante. Il relève ainsi le manque important de moyens d'exploration, ce qui retarde généralement le diagnostic et les traitements qui ne sont pas à la portée de tout le monde. « Le dépistage de masse organisé est inexistant en Algérie. Il n'y a pas une organisation ni d'informations. Le parc de mammographie est insuffisant, non actualisé, non soumis à un contrôle de qualité validé par l'Etat. Un constat également valable chez le privé », a-t-il dit, et d'ajouter : « Les compétences en imagerie dans le dépistage font réellement défaut. Le problème se pose également pour les examens (pathologie, anatomie et cytologie), des paramètres importants qui permettent de soigner. Les circuits et moyens de traitement sont inaccessibles dans des délais acceptables. » Pour lui, il est temps aujourd'hui de renverser la tendance en assurant une prise en charge de la douleur et assurer des actes innovants. Il fait ainsi référence à la vaccination contre tous ces virus causant des maladies cancéreuses (HBV, HPV, HCV, EBV). « Ce qui permettra à l'Algérie de sortir d'un triste record dans le monde arabe. Une éradication de 2035 cas de cancer du col de l'utérus par exemple est possible. L'espoir est permis, les progrès thérapeutiques donnent des résultats satisfaisants et le traitement peut prolonger l'espérance de vie de cinq ans au lieu de quelques mois, comme par le passé », a-t-il affirmé en citant le cas du cancer du sein pour qui les progrès thérapeutiques ont permis de réduire la taille de la tumeur de 56 mm en 1985 à 39 mm en 2003. Il a aussi plaidé pour la nécessité de développer les moyens financiers afin d'assurer une réelle prise en charge. « Il faut répartir les moyens selon les besoins », a-t-il précisé. La fréquence des cancers en Algérie impose « la disponibilité rapide de moyens thérapeutiques curatifs », a-t-il estimé, surtout en chirurgie carcinologique qui assure la guérison des cancers à hauteur de 50%. De son côté, le docteur Oukkal est revenu sur le cancer digestif en Algérie qui représente un quart des cancers en général. Le cancer du côlon et du rectum viennent en tête avec 4500 cas enregistrés annuellement chez les hommes et 4000 cas chez les femmes, a-t-il révélé, précisant que ce type de cancer est le deuxième cancer après celui du poumon chez les hommes et celui du sein chez les femmes. Il a signalé que l'alimentation joue un rôle important dans la survenue des cancers digestifs. Ce qui représente, selon les statistiques du registre des cancers d'Alger, qui représente une moyenne nationale, de l'INSP en 2004, des proportions importantes qu'il faut prendre en compte. Selon lui, le tabac constitue un des facteurs de risque les plus redoutables. Le cancer de l'estomac est classé au 4e rang de l'ensemble des cancers avec une moyenne annuelle de 3000 cas chez les hommes et 2000 cas chez les femmes, a ajouté le docteur Oukkal. Pour lutter contre ces facteurs favorisants, la prévention reste de mise. Une prévention qui doit être axée sur une alimentation riche en fibres (légumes) et le dépistage massif.