La parade des chahuteurs a fini par éveiller l'attention du service d'ordre qui accourt sur les lieux. Un groupe de manifestants réunis par les liens souterrains de Facebook a tenu à célébrer à sa manière l'emblématique journée du 8 Mars en chahutant le Salon international Eve de la femme qui se tient actuellement à la Safex (Pins maritimes). Il était un peu plus de 15h lorsque le groupe d'activistes, composé majoritairement de citoyennes, et regroupé sous l'étendard de « Bezzzef ! », ce collectif d'agitateurs « spécialisé » dans les actions de rue, ont fait irruption dans le hall « S » où se tient ledit salon (qui porte bien l'enseigne « Salon de la femme » comme on dit « Salon de l'automobile ou de l'agriculture »). Le choix du site n'est évidemment pas anodin : « C'est un Salon très "cosmétique" qui fait écho malgré lui à cette volonté de "maquiller" la condition féminine », commente-t-on. Malgré le froid et la pluie ininterrompue, qui n'a cessé de tomber depuis la matinée, le public, principalement féminin, était au rendez-vous. A un moment donné, le groupe de contestation a pris subrepticement place au milieu du pavillon S et les activistes commencèrent aussitôt à extirper de leurs sacs leurs accessoires de manif' : tracts, pancartes et… serpillières. Et même un plumeau ! Une procession s'est aussitôt formée et a commencé à sillonner le salon sous le regard perplexe du public. Les tracts, déclinés en arabe et en français, sont distribués. On peut y lire notamment : « Code de la famille = hogra », « Je ne suis ni un "objet" à exposer, ni un "bijoux" à cacher. Enchantée, je suis une femme ». « Réclamons des lois civiles égalitaires ». « Le 8 Mars n'est pas une fête mais un jour de lutte pour les droits ». Le document rappelle également des articles de loi particulièrement infamants. Sur un autre tract, on peut lire : « Maâk ya lamra diri hala ! » (Avec vous les femmes, allez de l'avant !), détournement, on l'aura compris, du fameux slogan scandé à la gloire des Verts. La procession, bien que silencieuse, a très vite attiré et attisé la curiosité du public. De charmantes hôtesses officiant dans les stands et autres mannequins élégamment habillées et maquillées pour la circonstance n'hésitaient pas pour certaines d'entre elles à demander un tract. Une femme lance : « Machi el code de la famille, el ibad houma li machi m'lah » (ce sont les hommes qui sont à blâmer, pas le code de la famille). Comme cela commençait un peu à faire désordre, fatalement, la parade des chahuteurs finit par éveiller l'attention du service d'ordre. Des agents de sécurité en costume cravate et talkie-walkie accourent, paniqués. Ils s'abattent sur les pancartes pour les déchirer avant de saisir les tracts d'autorité. A un activiste qui s'évertue à leur expliquer qu'il s'agit d'une action pacifique, l'un des chargés de la sécurité du salon en costard de rigueur et les cheveux gominés, lance, affolé : « Depuis le matin, nous sommes sur le qui-vive. On nous a dit qu'un groupe dangereux allait envahir le salon. Le téléphone n'a pas arrêté de sonner. Il y a tout le protocole de Madame la ministre (Khalida Toumi devait y faire un tour semble-t-il) qui est en état d'alerte », justifie-t-il. Virés à l'extérieur, les manifestants ne se sont pas découragés pour autant. Ils ont continué à parader en brandissant leurs pancartes et distribuant leurs « prospectus de combat » sous le regard amusé de femmes particulièrement coquettes et néanmoins très à l'écoute. Le Salon de la femme se poursuit. La lutte des femmes aussi…