«L'Algérie doit mettre un terme à sa campagne de répression contre les membres du mouvement religieux minoritaire qu'est l'ahmadisme (ou ahmadiyya)», affirme l'organisation dans un communiqué rendu public à la veille du procès en appel des six ahmadis devant s'ouvrir demain à Batna. «Le 21 juin, six ahmadis comparaîtront devant la cour d'appel de Batna. Ils ont été déclarés coupables, en première instance, de ‘‘gestion d'une association non enregistrée'', de ‘‘collecte de dons sans autorisation'' et de ‘‘diffusion de documents étrangers constituant un danger pour les intérêts de la nation''. Ils ont été condamnés à des peines d'emprisonnement allant de deux à quatre ans et à des amendes d'un montant de 300 000 DA. Il s'agit des peines les plus lourdes prononcées à ce jour contre des ahmadis pour la pratique pacifique de leur religion», souligne l'organisation. Au moins 280 femmes et hommes ahmadis, ajoute l'organisation, ont fait l'objet d'enquêtes ou de poursuites l'année dernière, après une vague d'arrestations qui a suivi le rejet par les autorités d'une demande d'enregistrement d'une association ahmadie et de l'inauguration d'une mosquée en 2016. «La répression qui s'est abattue sur les ahmadis l'année dernière est alarmante. Cette vague d'arrestations et de poursuites visant des ahmadis montre clairement que les autorités renforcent les restrictions à la liberté d'expression dans le pays», estime Heba Morayef, directrice de recherches sur l'Afrique du Nord à Amnesty International, citée dans le communiqué. Les autorités algériennes, indique la même source, doivent faire le nécessaire pour que les poursuites visant des ahmadis qui sont uniquement liées à la pratique pacifique de leur religion soient abandonnées, et libérer immédiatement les personnes détenues. Amnesty International dénonce, dans la foulée, «les propos haineux» du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, contre cette communauté. Selon le même communiqué, le nombre des adeptes de l'ahmadisme en Algérie s'élève à 2000. «En mars 2016, les autorités algériennes ont rejeté une demande déposée par des ahmadis, en application du droit algérien, en vue d'obtenir l'enregistrement d'une association. Le 2 juin 2016, dans la matinée, la police a fait une descente dans une mosquée ahmadie récemment construite à Larbaâ, dans la wilaya de Blida, le jour où elle devait être inaugurée et l'a fermée», rappelle l'ONG, qui précise que «le droit de pratiquer sa religion collectivement est un aspect fondamental du droit à la liberté de religion. Il est aussi important que le droit à la liberté individuelle de conscience». «Tant que tous les groupes religieux et tous les lieux de culte devront obtenir l'agrément des autorités, il n'y aura pas de liberté de religion en Algérie», souligne Heba Morayef.