Alors que depuis trois années, grâce à une bonne pluviométrie, les choses vont au mieux pour le monde agricole, les relations se dégradent sérieusement entre la Direction des services agricoles (DSA) et une bonne partie des agriculteurs. Ainsi, une première escarmouche a sérieusement égratigné la crédibilité de l'action du DSA à la faveur d'un regroupement des professionnels de la filière lait, une assemblée tenue fin janvier sous la férule de la chambre de l'agriculture et de l'UNPA. Puis, mercredi passé, une vraie cabale, celle-là, a réuni les viticulteurs, mais elle a été avortée par le DSA qui y était présent en tant qu'invité à son propre lynchage. En fait, le directeur a exploité les discordes et les divergences d'intérêts entre ses adversaires, des rivaux devenus alliés conjoncturellement : la chambre de l'agriculture, l'UNPA et les viticulteurs dont ces deux dernières lui ont permis la mise à l'écart de la gestion de la coopérative viticole de wilaya (Viticoop). Ainsi, sa responsabilité gravement mise en cause dans l'arrachage du vignoble suite à la mévente du raisin de cuve en 2006, le DSA a esquivé la question en reconnaissant avoir évoqué l'arrachage ainsi que d'autres solutions mais qu'il n'a jamais obligé quiconque à arracher quoi que ce soit : « Proposer est une chose, imposer en est une autre ». Il lui a été rappelé d'avoir été particulièrement persuasif quand il avait publiquement déclaré que ses convictions religieuses lui interdisent de soutenir la plantation de vigne de cuve. Le DSA éluda ce reproche. Mais la pirouette qui lui a permis de se remettre en grâce auprès de l'assistance, c'est lorsqu'il mit inélégamment sur le dos de la presse sa déclaration quant à sa décision d'ester en justice les agriculteurs ayant arraché la vigne. Il expliqua qu'il ne s'en prendra qu'à ceux qui ont arraché la vigne de table qui, elle, n'avait jamais été menacée par la mévente. Quant à sa promesse d'obtenir du ministère de l'Agriculture le paiement de 50% du montant des 98 000 quintaux de raisin qui n'avaient pas trouvé preneurs et qui avaient été livrés à la coopérative sur son injonction, il réussit une autre habile diversion.