Dans un communiqué rendu public hier, l'organisation qualifie cette procédure d'«injustifiée» et réclame des explications sur le motif de l'arrestation de ce collaborateur des médias anglophones. «RSF appelle la justice algérienne à libérer Saïd Chitour, fixeur et collaborateur de médias anglophones, dont la BBC et le Washington Post, emprisonné depuis le 5 juin à Alger. La détention préventive est injustifiée et son prolongement depuis plus d'un mois est excessif», affirme l'ONG dans ce communiqué. RSF se dit également inquiète des conditions de détention difficiles de Chitour qui est diabétique. Arrêté le 5 juin dernier à l'aéroport international d'Alger, le journaliste a été présenté directement au tribunal de Dar El Beïda qui l'a placé sous mandat de dépôt. Il est accusé «d'avoir remis des documents confidentiels à des diplomates étrangers» et est poursuivi en vertu de l'article 65 du code pénal qui prévoit la «réclusion perpétuelle pour quiconque, dans l'intention de les livrer à une puissance étrangère, rassemble des renseignements, objets, documents ou procédés dont la réunion et l'exploitation sont de nature à nuire à la défense nationale ou à l'économie nationale». Dans ce sens, l'ONG rappelle que «chaque personne étant présumée innocente» et «la détention préventive de Chitour est excessive puisque l'utilisation de cette mesure devrait être exceptionnelle et doit être justifiée par des éléments du dossier clairement énoncés, comme le risque de fuite ou de trouble à l'ordre public, qui ne sont pas réunis ici». «Elle (la détention préventive, ndlr) ne saurait en outre se prolonger indéfiniment sans qu'une date ne soit fixée pour le procès. Quand le provisoire se prolonge sans motif, sans date de procès, la détention devient arbitraire et le principe de la présomption d'innocence est bafoué», affirme Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF, citée dans le même communiqué. Citant les propos de l'avocat Miloud Brahimi, l'ONG explique que Saïd Chitour est prêt à «faire face à la justice et ne compte en aucun cas s'échapper». Dans le même communiqué, RSF évoque aussi le cas du blogueur Marzoug Touati, maintenu en détention depuis janvier dernier à Béjaïa «pour avoir publié un entretien sur Skype avec une personne se présentant comme diplomate israélien».