– La baisse des prix du ciment constatée ces dernières semaines va-t-elle tenir sur la durée ou est-elle conjoncturelle ? Non, la baisse constatée n'est certainement pas conjoncturelle. La tendance va durer au regard de la progression de la production du ciment mise sur le marché, notamment par nos différentes filiales. Il faut savoir que la cimenterie de Aïn El Kébira (Sétif) a atteint sa vitesse de croisière et assure actuellement la vente de 18 000 tonnes de ciment par jour. Par ailleurs, le GICA va réceptionner l'extension de la cimenterie de Chlef au début de l'année 2018, ce qui nous permettra de mettre des quantités supplémentaires de ciment sur le marché. En plus de la montée en puissance des filiales du groupe, il est à noter aussi que la cimenterie d'Adrar, appartenant à un opérateur privé, va démarrer sa production en septembre prochain, ce qui permettra de garantir la stabilité des prix durant l'année 2018, au vu de la hausse de l'offre de ciment. En sus des quantités mises sur le marché, nous misons, au niveau du groupe, sur une stratégie de diversification de nos produits, car notre approche est aussi bien quantitative que qualitative et dans cette optique, le choix que nous offrons à nos clients est primordial. Ainsi, si nous produisons actuellement trois types de ciment, nous misons à l'avenir sur des niches où nous avons les moyens et les capacités de produire de nouveaux types de produits et de répondre ainsi amplement à la demande du marché national. Dans le domaine de la diversification, notre Centre d'études et de services technologiques de l'industrie des matériaux de construction (Cetim), filiale à part entière du GICA, joue un rôle important dans l'amélioration et le développement de la productivité et de la qualité. Le Cetim a été notamment chargé de spécifier quels types de ciment chaque filiale du GICA peut produire, selon ses installations, ses capacités, ses moyens, etc. Le travail a été finalisé et nous sommes actuellement dans le cadre de la seconde phase de ce projet, soit la phase commerciale. Nous devons nous réunir bientôt pour arrêter les prix de ces différents ciments et nous lancerons prochainement des campagnes de publicité et de communication devant accompagner et faire connaître cette diversification à tous les opérateurs. – Où en est le projet de production de ciment pétrolier confié à la cimenterie de Aïn El Kébira ? A l'heure actuelle, nous avons testé une production de 300 tonnes dont la qualité est très satisfaisante. Nous l'avons livrée il y a six mois au groupe Sonatrach et nous avons obtenu d'excellents retours, ce qui confirme que le ciment pétrolier produit par GICA à travers la cimenterie de Aïn El Kébira est conforme à la norme internationale. Pour lancer la production à proprement parler, nous avons besoin de deux certifications. Une nationale délivrée par l'Institut algérien de normalisation (Ianor), en cours d'obtention, et la seconde internationale, soit la norme API délivrée par l'American Petroleum Institute. Un processus en cours et dans lequel le groupe Sonatrach nous apporte son aide. Dès que l'on décrochera cette certification qui valide tout le processus de production en plus de la qualité du produit fini, nous pourrons placer le ciment pétrolier sur le marché national et international. Il est à savoir que jusqu'à présent ce ciment est importé pour la totalité des besoins de Sonatrach et de ses partenaires étrangers, pour couvrir une demande de 300 000 tonnes par an. – GICA peut-il répondre à cette demande ? Nous avons les capacités et les moyens de produire toutes les quantités demandées par les utilisateurs et nous enclencherons la production dès l'obtention des certifications exigées. Pour le moment, il y a des équipes qui ont été mises en place par le GICA en collaboration avec le groupe Sonatrach et la direction générale de la recherche scientifique relevant du ministère de l'Enseignement supérieur pour affiner les caractéristiques techniques nécessaires afin d'être au plus près de l'exigence des clients. Nous apportons un soin particulier à cette opération, car en plus du groupe Sonatrach, nous ciblons les groupes pétroliers qui travaillent en Algérie. Nous travaillons donc avec Sonatrach qui nous aide à décrocher la certification API, ce qui nous permettra de commercialiser ce ciment aux entreprises étrangères qui exercent au niveau local ainsi qu'au niveau international, car si demain nous voulons aller vers l'export, nous aurons besoin de cette certification. Nous sommes nettement plus concurrentiel que nos autres concurrents. Nous sommes en fait compétitifs en termes de qualité. Par ailleurs, nous sommes également plus compétitifs en termes de prix, puisque nos produits sont 25% moins cher que ceux de la concurrence. – Quels sont vos objectifs pour l'exportation ? Pour ce qui est de l'exportation, nous sommes en train de discuter avec de nombreux opérateurs internationaux pour tisser des partenariats et placer notre ciment sur le marché international. Les discussions entamées avec cinq partenaires, dont le français Lafarge, avancent très vite, nous avons de bonnes perspectives dans ce domaine et nous restons ouverts à toute proposition pouvant amener un plus dans ce domaine. Notre objectif est de cibler, dans les prochaines années, l'export après avoir assuré l'autosuffisance au niveau national. – La charte client qui a été récemment adoptée par votre groupe va-t-elle permettre, selon vous, de lutter contre l'informel ? Nous avons lancé cette charte pour être à l'écoute du client. Les remarques et les doléances de nos partenaires commerciaux vont nous permettre de corriger notre démarche, de travailler dans la transparence et de lutter contre la spéculation. La concurrence nous incite à aller de l'avant et à prendre les devants pour fidéliser notre clientèle et garantir des parts de marché supplémentaires au groupe, qui évolue dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Nous devons le faire maintenant, car à l'horizon 2020 le paysage de notre industrie va complètement changer et donc il faut agir dès à présent. – L'effort de modernisation du GICA est-il accompagné d'un plan de formation du personnel et de l'encadrement ? Au niveau de GICA, on dit que la transversalité est une donnée essentielle pour que le groupe développe sa compétitivité. Le groupe a en effet besoin de collaborateurs techniquement efficaces et capables de travailler en réseau, en mode coopératif et en finir avec les méthodes obsolètes. Pour cela, le GICA mise sur la formation continue de tout son personnel afin d'acquérir les notions les plus modernes dans ce domaine. Pour nous, la formation est donc une valeur essentielle et nous nous efforçons d'en faire profiter tous nos collaborateurs, et à tous les stades pour permettre une remise à niveau indispensable et nous adapter à l'environnement en pleine transformation de notre secteur.