Ghassan Salamé a été nommé le 22 juin dernier par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l'Allemand Martin Kobler. Ce dernier a parrainé un accord ayant permis l'installation à Tripoli d'un gouvernement d'union (GNA) reconnu par la communauté internationale, mais n'a pas réussi à mettre fin aux luttes de pouvoir et combats entre milices qui persistent dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011. «J'assume mon rôle dans le plus grand respect de la souveraineté nationale, l'indépendance et l'unité de la Libye», a déclaré G. Salamé après sa rencontre avec le chef du GNA, Fayez Al Sarraj, et le chef de la diplomatie, Mohamad Al Taher Siala. Dans un tweet diffusé sur le compte de la Manul, l'émissaire onusien a indiqué avoir eu une rencontre «constructive» avec Al Sarraj sur les «défis économiques, politiques et sécuritaires» en Libye. «Nous avons convenu de l'urgence de mettre un terme aux souffrances des Libyens», a-t-il ajouté. Il a rassuré le chef du GNA sur le retour progressif des différentes agences des Nations unies opérant en Libye, qui ont été contraintes de partir en 2014 à cause des violences. De son côté le chef du GNA a déclaré qu'«il est important d'aller de l'avant et de compléter ce que nous avons commencé». «Nous avons évoqué la feuille de route, les résultats de la réunion» en France. Il a également invité la Manul à retourner en Libye «le plus tôt possible» pour apporter un soutien humanitaire mais également «technique» en vue de l'organisation d'un référendum sur le projet de Constitution et des élections présidentielle et législatives. Le nouvel émissaire onusien a assisté, fin juillet en France, aux rencontres entre les deux principaux protagonistes du conflit en Libye, Fayez Al Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, qui se sont engagés à rétablir la sécurité et à organiser rapidement des élections. Appuyé par un Parlement élu et un gouvernement parallèle, le maréchal Haftar s'impose comme un des hommes forts de l'Est libyen où le GNA ne parvient pas à étendre son influence. Plusieurs autorités rivales et des milices se disputent le pouvoir. Entre-temps, la menace djihadiste reste présente. Lundi dernier, le chef du GNA s'est félicité du vote par l'Assemblée constituante (AC) d'un projet de Constitution, appelant à organiser comme prévu un référendum pour soumettre le texte aux Libyens. La Libye a été privée d'une véritable Loi fondamentale pendant les 40 ans de dictature du régime de Mouammar El Gueddafi, qui a pris fin en octobre 2011.
Vote perturbé La Constitution est censée déterminer la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia et mettre en place des institutions pérennes à même de rétablir la stabilité dans le pays, Le texte a été voté le 29 juillet à Al Baida (1200 km à l'est de Tripoli) par 43 voix pour, sur 44 membres présents de l'Assemblée constituante élue en février 2014. Le vote a été perturbé par l'irruption dans le bâtiment de la Constituante de protestataires qui voulaient l'empêcher, mais il a finalement été validé. Ce texte de 197 articles stipule que la Libye est une République dotée d'un Président, d'un Parlement et d'un Sénat. Que Tripoli est la capitale, l'islam la religion d'Etat et la charia source de la législation. Les langues des communautés arabe, amazighe, touareg et toubou seront reconnues «langues officielles». Elue en 2014, l'Assemblée avait 18 mois pour rédiger le projet de Constitution, mais le chaos dans lequel est plongée la Libye a gelé le processus de transition politique, divisé le pays.