Ces affrontements ont débuté après la mort d'un membre de la milice d'Ahmad Dabbashi, connu pour avoir été l'un des barons locaux du trafic de migrants et qui contrôle près de la moitié de cette ville située à environ 70 kilomètres à l'ouest de Tripoli. L'incident a eu lieu à un barrage tenu par une force de sécurité formée initialement par le Gouvernement d'union nationale (GNA) pour chasser les jihadistes du groupe État islamique (EI), qui avaient occupé brièvement le centre-ville en février 2016. «Quatre membres de la milice d'Ahmad Dabbashi, qui étaient dans une voiture, ont tiré sur le checkpoint. Nos hommes ont riposté. L'un (des miliciens) a été tué et trois autres ont été blessés», a indiqué un responsable de la sécurité. «Leur milice a répliqué une demi-heure plus tard et, depuis, les affrontements se poursuivent», a-t-il ajouté. «Ces criminels ne veulent pas d'armée ou d'un rétablissement de la sécurité dans la ville», a-t-il indiqué. La Libye est livrée aux milices alors que deux autorités se disputent le pouvoir : d'un côté, le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli. De l'autre, une autorité exerçant son pouvoir dans l'est du pays avec le soutien du maréchal Khalifa Haftar. Le nom d'Ahmad Dabbashi revient souvent ces dernières semaines parmi une liste de barons du trafic de migrants qui se seraient reconvertis dans la lutte contre l'immigration clandestine après un accord avec l'Italie. Evoqué par plusieurs médias, cet accord présumé serait à l'origine de la forte baisse des départs enregistrée cet été. Le ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti, qui multiplie les réunions avec des responsables locaux libyens, a toutefois démenti tout contact direct ou indirect avec des milices. Par ailleurs, le porte-parole de la marine libyenne, le général Ayoub Kacem, a indiqué hier qu'entre lundi et vendredi, «les garde-côtes libyens ont pu secourir 2082 migrants clandestins de différentes nationalités», dans neuf opérations de sauvetage, ajoutant qu'une femme a été retrouvée morte parmi les rescapés. Selon le même responsable, 1047 autres migrants ont été secourus samedi dans trois opérations distinctes. La plupart des interventions des garde-côtes libyens ont eu lieu au large des villes de Zawiya (50 km à l'ouest de Tripoli) et de Sabratha. Les migrants secourus ou interceptés sont conduits dans des centres de rétention. Ils sont par la suite rapatriés avec l'aide de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ou lâchés dans la nature où ils sont rackettés ou exploités par des groupes armés. Le flux de migrants entre la Libye et l'Italie a enregistré une chute spectaculaire cet été, avec 6500 arrivées depuis la mi-juillet, soit à peine 15% de la moyenne enregistrée sur cette période entre 2014 et 2016.