Vu cette demande, l'Algérie, condamnée à importer, est classée 7e plus gros importateur de sucre dans le monde avec 1,53 million de tonnes annuelles, selon l'Organisation internationale du sucre (ISO). Selon le ministère du Commerce, la facture de cette importation qui pèse déjà lourd sur les finances de l'Etat a connu une augmentation sensible de 36% durant les 7 premiers mois de l'année en cours pour atteindre plus de 698 millions de dollars. Au moment où le gouvernement ne prévoit pas de toucher à la subvention des produits de large consommation dont le sucre, le mouvement association médicale et de protection du consommateur le demande haut et fort. En effet, lors de la dernière rencontre organisée par le ministère du Commerce concernant les dangers de la surconsommation de sucre, de sel et de matières grasses, l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a exposé un spot publicitaire qui vise à sensibiliser le consommateur quant aux dangers du sucre, un produit qu'il dénomme le poison blanc. «En plus de ce spot publicitaire qui passera à travers les chaînes de télévision publiques et privées, nous voulons valoriser le droit à l'information et surtout développer la conscience chez le consommateur qui n'a malheureusement pas de culture de consommation et de danger. Parce que la sensibilisation ne suffit pas et qu'il faut tout un panel de décisions qui doivent l'accompagner, nous avons profité de cette journée pour réclamer la création d'un directoire national de sécurité alimentaire. Une institution qui existe de par le monde, sauf chez nous. Nous voulons également que les autorités revoient la loi sur les spots publicitaires, notamment ceux en relation avec les produits sucrés, salés et riches en matières grasses. Une plus grande rigueur devrait être appliquée sur les spots à destination des enfants», réclame le Dr Mustapha Zebdi, président de l'Apoce. Pour le corps médical, notamment celui des nutritionnistes, les Algériens souffrent d'une véritable addiction au sucre. Selon le Dr Ilyes Baghli, président de la Société algérienne de nutrition et de médecine orthomoléculaire (Sanmo), la preuve patente de cette addiction est le grand mouvement de protestation survenu avec la hausse des prix de ce produit il y a quelques années. Un pareil comportement est identique à celui d'un drogué qui réclame sa dose et refuse tout spectre de pénurie ou une hausse de prix. Selon notre interlocuteur, ce poison silencieux est source de plusieurs maux et maladies avec des répercussions graves sur la santé publique et la société, dont l'agressivité sous toutes ses formes ainsi que les maladies chroniques très répandues aujourd'hui dans notre société telles que le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l'obésité, notamment chez les enfants, et le cancer. Dans sa lutte contre le sucre blanc raffiné, il dénonce également les dangers de la farine blanche raffinée et le lait de vache. Représentés lors de cette rencontre avec le ministère du Commerce, ils ont appelé à la révision des subventions destinées à ces produits dont la nocivité est établie et également interdire toute forme de publicité pour le sucre blanc raffiné et pour tous les produits qui en contiennent et taxer ces produits, notamment les boissons. Signalons que 500 000 tonnes de sucre sont consommées annuellement pour la production de 5 milliards de litres de boissons reconstituées. De l'ordre dans le marché Pour le ministère du Commerce, il faut impérativement mettre de l'ordre dans le marché des produits alimentaires et agroalimentaires locaux et importés. Avec le nouvel étiquetage alimentaire qui sera opérationnel dès l'année prochaine, le département de Mohamed Benmeradi veut consacrer le droit du consommateur à l'information. Afin d'alléger la facture d'importation du sucre, le ministère a initié une démarche avec les industriels afin de réduire les taux de sucre dans les aliments. Cela s'est concrétisé par un arrêté qui jusque-là était en suspens mais qui semble être ressuscité et en voie de signature. Certains industriels auraient même répondu favorablement à cette initiative en réduisant de 30% ce taux de sucre dans leurs produits, notamment les boissons. Le ministère ne compte pas s'arrêter là. Il a lancé une grande enquête sur le sucre dans le café torréfié, qui a été réglementé l'année dernière par un arrêté, et dont les résultats seront connus le mois prochain. De nouveaux textes sont également en voie d'adoption. Ceux dévoilés pour le moment concernent la confiture, où normalement les fruits sont prédominants sur le sucre, et le secteur du chocolat. Le but est de valoriser les produits nobles et éviter la confusion au consommateur. Le même traitement est promis pour les produits importés.