Le pire a finalement été évité lors de l'explosion qui s'est produite, mercredi, au complexe pétrochimique de Skikda (CP1K). Cependant, il reste à imaginer les graves conséquences si les canalisations d'hydrogène n'avaient pas été vidées à temps. Que serait-il advenu du complexe et des autres installations limitrophes, tout aussi sensibles ? La question revient incessamment parmi la population qui, hier, ne cessait de commenter l'incident de mercredi. « Un jour, la plateforme pétrochimique finira par nous tuer tous », lance la majorité des Skikdis qui, d'incidents en incidents, ont fini par vivre la phobie de la zone pétrochimique comme une véritable fatalité. Les installations pétrochimiques sont à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau de la ville et cette proximité leur fait craindre le pire. Sonatrach est encore une fois interpellée : trois ans après son classement en zone à risque, qu'est-ce qui a changé ? « On croyait que ce décret allait responsabiliser beaucoup plus Sonatrach, apparemment ce n'est pas le cas… », estiment plusieurs habitants. D'autres demandent à connaître les résultats de l'étude relative à la dangerosité de cette même plateforme et estiment que si on continue à ne pas rendre publiques ces données, « c'est qu'il y a quelque chose de grave à cacher ». Pour les incidents répétitifs enregistrés au niveau du pôle, des cadres ont tenu à dénoncer les propres procédures de Sonatrach. L'un d'eux explique : « Si on fait un bilan de tous les incidents qui se sont produits ces dix dernières années, on trouvera facilement que la cause réelle est en relation avec les accessoires et non avec les propres équipements ou installations. Il y a toujours un joint qui saute, une canalisation qui fuit. Le problème n'est pas en relation avec les installations car elles sont constamment rénovées ou révisées. Ce sont les petits accessoires qui font le plus grand mal. Cette réalité n'est que le résultat de la politique du Baoussem qui accorde les marchés aux moins disants comme s'il s'agissait d'un marché de légumes. » Sonatrach, qui a gelé cette procédure depuis le 21 décembre, est interpellée pour y remédier car il s'agit là d'une question de sécurité des installations et des personnes. « Le marché où persiste le gré à gré ne fait que miner l'économie nationale et risque de causer des dégâts beaucoup plus graves. » Il suffit juste de se rappeler que l'explosion du GNL qui a fait 27 morts était essentiellement due à un défaut relevé dans… la tuyauterie. L'incident du CP1K est dû quant à lui à une fuite dans un pipe.