Ce plan, d'importance capitale, a été appliqué depuis quelques mois. Les vestiges historiques de l'antique Rusgunia ont été délimités, nettoyés et mis en valeur. Un premier travail vient donc d'être accompli. A l'entrée de la ville, dans le cadre de ce plan de sauvegarde, un important site a été mis en évidence en l'arrachant des mains de la dépravation et de l'oubli. Après des années d'abandon, les pierres qui forment les parapets du vestige semblent renaître de leurs cendres. Les habitations qui entouraient le site ont été démolies et leurs propriétaires relogés. Une clôture a été également érigée tout autour des ruines pour une protection durable contre les fouilles clandestines et les pilleurs. En empruntant la route qui mène de Tamentfoust au carrefour Dokar Boualem, dans la commune d'El Marsa, des réserves d'eau ont été nettoyées, clôturées et dotées d'écriteaux. Malgré tous ces efforts, le préjudice qu'ont subi les ruines et les vestiges de Tamentfoust est irréversible, par endroits. Le périmètre à sauvegarder s'est considérablement rétréci. De 13 ha, il y a quelques années, le périmètre passe à 9,5 ha, et ce, à cause de l'extension effrénée et incontrôlée du tissu urbain. En tout état de cause et quelle que soit la situation actuelle, il est impératif de renforcer le travail accompli jusqu'ici afin de faire de Tamentfsout un pôle touristique. Des atouts laissés en jachère En dépit du manque d'infrastructures de base, telles que les hôtels, les auberges de jeunesse ou encore l'encadrement spécialisé dans la prise en charge des touristes, Tamentfoust accueille des milliers de visiteurs, particulièrement durant la saison estivale, et face à leur émerveillement spontané, elle se dresse comme un endroit chargé d'histoire et de mémoire. Cette impression est accentuée par la domination d'un fort turc sur toute l'étendue de la ville et de son port de pêche qui se trouve en contrebas. L'imposante bâtisse abrite un petit jardin tranquille aux contours verdoyants et agencés. Le fort est assis au milieu de cette végétation qui laisse entrevoir par endroits des ruines clairsemées. Le fort a été classé patrimoine national en 1967 et a été transformé en 1999 en musée. Ce dernier a été aménagé en trois espaces : la salle de l'ère préhistorique, contenant plusieurs outils, dont de fines pointes de flèches de l'époque néolithique, la salle antique, où sont exposées, entre autres, quelques stèles votives dédiées au dieu Saturne, et un imposant sarcophage, la salle de la période islamique, dont la principale curiosité est constituée d'un tronçon de canalisations d'eau de l'époque ottomane. Les espaces intra-muros et les pièces du fort assuraient la protection du flanc et de la rade. Son plan octogonal constitue sa grande originalité, car dans toute l'étendue de l'ex-Empire ottoman, il n'y a que quelques exemplaires de ce type, c'est le seul sur toute l'étendue de l'Afrique du Nord. Il présente donc une valeur architecturale et historique certaine et avérée. Tamentfoust ne compte pas seulement le fort turc comme vestige historique, mais une multitude d'autres atouts, pouvant la hisser au rang de zone touristique par excellence. La beauté du lieu, associée à l'importance de son patrimoine historique, font que son potentiel touristique est extrêmement fort. Le charme du site et le grand intérêt de ses vestiges donnent, par ailleurs, à Tamentfoust son aspect attrayant et son originalité. Cependant, l'écart est poignant entre le potentiel existant et la réalité qui est toute autre. Il reste beaucoup à faire, notamment au niveau du port de pêche et des autres sites archéologiques de la localité. Les dizaines d'embarcations de pêcheurs, qui flottent paisiblement sur la surface de la petite berge, dissimulent tant bien que mal l'insalubrité dont est affecté le lieu. Entre les blocs de pierres entreposées sur la grève en guise de brise-lames, des détritus ponctuent toute l'étendue du rivage. «Commençons d'abord par nettoyer l'espace qui nous entoure et on pourra parler ensuite de tourisme», propose un habitant de Tamentfoust.