Il s'agit du plasticien et artiste peintre, Choukri Mesli. Ce dernier est décédé hier matin, à Paris, des suites d'une longue maladie. Choukri Mesli est né le 8 novembre 1931 à Tlemcen, dans une famille d'intellectuels et de musiciens. Il effectue ses études primaires et secondaires entre 1937 et 1947. Sa famille déménage à Alger en 1947. Année qui coïncide avec la réalisation de ses premières gouaches. Il intègre l'Ecole des beaux-arts d'Alger, où il a eu comme professeur Mohamed Racim, et ce, de 1948 à 1951. Il participe, en 1950, à la création de la revue Soleil, au mouvement des idées d'émancipation diffusées autour du journal Alger Républicain et fonde le Groupe 51 avec de jeunes poètes et peintres, dont Kateb Yacine et M'hamed Issiakhem. A cette époque, il participe au Salon des Orientalistes. De 1951 à 1953, il poursuit sa formation auprès de différents professeurs des Beaux-Arts. En 1953, il organise une exposition de la jeune peinture algérienne avec Sauveur Galliéro et Louis Nallard, dans la salle du Crédit municipal d'Alger, et obtient le Premier prix de la Ville d'Alger. Il intègre l'Ecole des beaux- arts de Paris en 1954. Une année plus tard, il réalise sa première exposition personnelle. Deux ans après, il expose avec le Marocain Ahmed Cherkaoui, participe à la grève des étudiants et milite au sein du FLN en renonçant à toute exposition. De 1958 à 1960, il réintègre l'Ecole des beaux-arts et deviendra le premier Algérien à obtenir un diplôme supérieur en arts plastiques. De 1960 à 1962, Mesli séjourne au Maroc, à Rabat, où il exerce comme professeur de dessin. Il est nommé dès 1962 professeur de peinture à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. En 1963, il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP), dont il est secrétaire chargé de la coordination. En 1967, il participe avec Denis Martinez à la création du groupe Aouchem (Tatouage) dont il organise la première exposition. Il travaille en 1969 à la préparation du Festival panafricain d'Alger en tant que responsable des expositions d'arts plastiques. En 1982, il effectue un voyage d'études aux Etats-Unis, à New York, San Francisco, Atlanta et Washington, exposant avec un groupe d'artistes africains. Entre 1983 et 1985, il réalise à Alger une fresque (Les Trois Révolutions) de cent mètres carrés en carreaux de métal émaillé pour la rampe Tafourah (Alger) et trois sculptures (Hydra, Bouzaréah et Bir Mourad Raïs. Choukri Mesli participe à plusieurs expositions collectives des peintres algériens en Algérie, au Maghreb et en France. L'artiste peintre s'exile en France durant la décennie noire en 1993. Il s'installe en 1994 dans la banlieue parisienne. Il compte à son actif plusieurs autres expositions, dont une rétrospective de ses œuvres sur papier est présentée au Centre culturel algérien de Paris en 2014. Le décès de l'artiste peintre a provoqué des réactions touchantes de la part de certains de ses amis et anciens élèves. Etranglé par l'émotion, le plasticien Karim Sergoua révèle que la disparition de Choukri Mesli est une énorme perte pour l'Algérie et le monde. «Nous avons perdu, dit-il, l'un des fondateurs de l'art moderne algérien. C'est l'un des constructeurs, au sens philosophique du terme, de l'Ecole des beaux-arts d'Alger. C'est l'un des fondateurs du mouvement Aouchem. C'est également, l'un des meilleurs pédagogues de l'Ecole des beaux-arts d'Alger. C'était un militant des causes justes. Il adorait la vie, la création et la beauté. C'était un défenseur des droits des femmes.» De son côté, son ancien élève, Zoubir Hellal, témoigne que Choukri Mesli était un homme exceptionnel. C'était son professeur à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger de 1967 à 1970. Il l'a connu, par la suite, en tant que collègue, puisque Zoubir Hellal était à son tour professeur entre 1977 et 2010 à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger. «Il nous a appris, témoigne t-il, la peinture avec beaucoup d'abnégation. C'était un monsieur cultivé et sage, qui nous poussait à comprendre tout seuls. Il avait une formule magique qu'il ne cessait de nous répéter en arabe dialectal : ‘‘Chkoun yemak et chkoun babak''.» Ce que retient le plasticien Zouhir Hellal de son maître, ce sont ses mains ramassées très expressives. «Il était entier et très impulsif. Il nous disait les quatre vérités pour mieux avancer. Il était d'une extrême gentillesse», ajoute-t-il. Il est à noter que le regretté artiste- peintre avait émis le vœu de son vivant d'être enterré dans son pays natal, à Tlemcen.