Il a indiqué que son gouvernement a mis en place des plans d'urgence alors que la crise du Golfe pourrait durer. «Nous ne redoutons pas le boycott des pays du blocus et nous sommes mille fois mieux sans eux», a-t-il observé, mais «la vigilance est de mise». L'émir a relevé que son gouvernement travaille sur «un certain nombre de projets pour la sécurité alimentaire» et «accordait une attention spéciale à l'eau». L'Iran et la Turquie, notamment, ont aidé le Qatar pour ses importations de nourriture depuis le début de la crise du Golfe. Celle-ci a éclaté le 5 juin, lorsque l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques et fermé leurs frontières avec cet émirat, l'accusant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran. Le Qatar a rejeté ces accusations, affirmant que ses adversaires cherchent à mettre sa politique étrangère «sous tutelle». La crise dure depuis sans perspective de solution, malgré des tentatives de médiation koweïtienne et américaine. Cheikh Tamim a par ailleurs annoncé que des élections se tiendraient pour le Majlis al choura, dont les 45 membres sont actuellement désignés par l'émir, mais que de nouvelles réglementations devaient être adoptées au préalable. Depuis 1981, le Qatar, les Emirats arabes unis, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Oman et le Koweït sont regroupés au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). En raison de la crise, la tenue du sommet annuel du CCG en décembre au Koweït est compromise. La carte des frères musulmans La victoire des Frères musulmans dans le sillage des révoltes arabes de 2011 est vue par le Qatar comme une aubaine à même de modifier le jeu des alliances dans le Golfe. Doha a soutenu le gouvernement de salut national, alors dominé par les islamistes, contre celui issu du Parlement élu en juin 2014 et replié depuis à Al Baïda, dans l'est du pays. De même il a pris position en faveur du président égyptien, Mohamed Morsi, qui, issu de la confrérie des Frères musulmans, a été destitué par l'armée le 3 juillet 2013. Riyad et Abu Dhabi ont approuvé le pronunciamiento. Concernant la Syrie, Doha souhaite le départ de Bachar Al Assad. Et quand, le 15 juillet 2016, Ankara a déjoué une tentative de coup d'Etat, l'émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, a appelé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour lui apporter son soutien. Par ailleurs, l'émirat accueille depuis longtemps des leaders des Frères musulmans, à l'exemple de leur chef spirituel Youssef Al Qaradaoui et l'ancien dirigeant du mouvement palestinien Hamas lié à la confrérie, Khaled Mechaal. Le 5 mars 2014, trois pays membres du CCG, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn décident de rappeler leurs ambassadeurs respectifs à Qatar. Dans un communiqué rendu public le même jour, les trois pays indiquent avoir «fourni de grands efforts pour négocier avec le Qatar à tous les niveaux et pour arriver à une politique commune (…) et garantir les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres» du CCG. Ils demandent aussi à leur voisin «de ne soutenir aucun mouvement dont le but est de menacer la sécurité et la stabilité des Etat membres». En fait, les trois pays reprochent à leur voisin qatari de soutenir la confrérie des Frères musulmans considérée comme un danger pour leur sécurité. Deux membres du CCG n'ont pas signé le communiqué. Il s'agit du Koweït, qui a tenté des médiations entre Riyad et Doha, mais ne souhaite pas aller plus loin. Ensuite Oman, qui se méfie des ambitions hégémoniques de Riyad dans la région. Les trois pays signataires du communiqué de mars ne sont pas d'accord sur une politique étrangère commune. Le 7 mars de la même année, l'Arabie Saoudite classe la confrérie des Frères musulmans comme «organisation terroriste». Sur la même liste, figurent le groupe Etat islamique (EI) et le Front Al Nosra, qui combattent en Syrie, et le groupe de rebelles chiites zaïdite au Yémen.Les autorités émiraties ont arrêté des dizaines de membres de la confrérie ou présumés tels, accusés de tenter de renverser le royaume.