La brouille entre Alger et Paris n'empêche pas la coopération de prospérer entre les deux pays. C'est un peu, livré en vrac, le message d'une conférence de presse animée, hier au siège de l'ambassade de France à Alger, par Joël Lascaux, conseiller de coopération et d'action culturelle, accompagnée de Loan Forgeron, conseillère de presse et communication. Autrement dit, même s'il pleut à torrents, le cœur du réacteur fonctionne à plein tube. « Le document cadre de partenariat entre l'Algérie et la France est en application. Même si les choses vont mal sur le plan politique, la coopération culturelle et technique continue », a déclaré Joël Lascaux. Ce document de partenariat, portant sur la période 2007-2011, a été signé en décembre 2007 à la faveur de la visite de Nicolas Sarkozy à Alger. « La presse parle souvent de différends. Pour vous, il s'agit de choses les plus visibles, mais en fait notre coopération n'a jamais été aussi intense sur tous les plans », a enchaîné Loan Forgeron. Selon elle, les crédits alloués à la coopération franco-algérienne sont les seuls à échapper à la nouvelle politique d'austérité du gouvernement français. « La France est un partenaire solide et fidèle. Cette coopération n'évolue pas selon les vicissitudes de la vie politique, mais elle est ancrée durablement en Algérie. Elle ne va pas changer de cap. Les brouilles sont légères par rapport au fond de cette coopération », a-t-elle déclaré. Le travail se fait, selon Joël Lascaux, dans un climat de confiance. Il a précisé que cette coopération est gagnant-gagnant mise en pratique selon la règle de la parité. « Nous avons adopté les objectifs opérationnels du partenariat d'exception qui lie la France à l'Algérie », a-t-il soutenu, soulignant l'engagement de plusieurs programmes de formation pour renforcer le capital humain. Il a qualifié d'importante la coopération universitaire. « Nous envoyons chaque année des centaines de boursiers algériens en France. Presque 5 millions d'euros sont consacrés à ce programme. La partie algérienne en consacre autant », a-t-il indiqué. En 2009, le consulat de France à Alger a délivré 4362 visas pour les étudiants. Le taux de cette délivrance est passé de 40 à 60% entre 2004 et 2009. En 2007, 18% des étudiants étrangers en France étaient Algériens, soit 20 000 boursiers. D'après des données fournies par une représentante de Campus France Algérie, les étudiants algériens choisissent par ordre de priorité les sciences fondamentales, le commerce et gestion ainsi que les sciences médicales. Les masters recherche et professionnel sont les plus sollicités. La France, selon Joël Lascaux, apporte également son soutien à la modernisation des services publics en Algérie et au renforcement de la coopération décentralisée. D'après Vincent Garrigues, attaché culturel en charge de l'audiovisuel, des programmes de formation pour les journalistes des médias publics et de la presse privée sont prévus. Selon lui, les échanges avec l'audiovisuel public algérien ont augmenté de 60%. Il ajoute, le système français d'aide à la publication des livres, dans le cadre du programme Mohammed Dib, va concerner les locuteurs arabophones et francophones. « Ce programme est ouvert à tous les éditeurs algériens. Ils peuvent en bénéficier à leur demande pour le rachat des droits ou pour la publication directe », a-t-il soutenu. Selon lui, la rencontre annuelle de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (Copeam), prévue à Paris le 8 avril prochain, proposera la création d'une chaîne de télévision méditerranéenne.