Le garde des Sceaux français est à la tête d'une forte délégation composée du directeur général de l'administration pénitentiaire, du directeur de l'Ecole nationale des magistrats, du président de la Chambre des notaires et du bâtonnier de Paris. Dominique Perben aura tout le loisir de s'exprimer lors de son séjour à Alger. Arrivé hier pour une visite de deux jours, le ministre français de la Justice rencontrera la presse deux fois aujourd'hui, ce matin au ministère de la Justice où il tiendra une conférence de presse et en début de soirée à la résidence de l'ambassade de France à Alger. Durant l'après-midi, il interviendra devant les élèves magistrats au sein de leur école. Très fourni, le programme de sa visite sera entamé par des entretiens avec son homologue, Tayeb Bélaïz. Aussitôt après, les deux ministres procéderont à la signature de deux accords, l'un sur la formation et l'autre sur le jumelage des juridictions algérienne et française. Il est également prévu la signature d'une convention entre les écoles de la magistrature des deux pays. Au chapitre de la formation, l'accord envisagé prévoit l'organisation en Hexagone de stages de perfectionnement en direction des magistrats et des fonctionnaires exerçant au sein de l'administration pénitentiaire. Le jumelage des juridictions s'inscrit, quant à lui, dans le cadre de la modernisation du secteur de la justice en Algérie. La gestion des cours et des affaires et le mode d'application des procédures sont au cœur de ce jumelage. Il intervient au moment où la chancellerie algérienne est engagée dans une vaste réforme fortement inspirée par le modèle français. C'est dire toute l'attention qui est accordée à la visite de M. Perben. Le ministre français ne vient pas seul. Il est accompagné d'une forte délégation composée du directeur général de l'administration pénitentiaire qui a eu à séjourner dans notre pays, il y a quelques semaines, du directeur de l'Ecole de la magistrature de Bordeaux, qui a participé en mars dernier à la Conférence nationale sur la réforme de la justice, tenue au Palais des nations, du responsable des affaires européennes et internationales au sein de la chancellerie, du président de la Chambre des avocats ainsi que du bâtonnier de Paris. Le séjour du garde des Sceaux français dans notre pays figure parmi une série de déplacements ministériels entre les deux pays (M. Bélaïz s'est rendu à Paris en décembre 2004). Ce programme de visites préfigure la signature par les présidents Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac d'un traité d'amitié avant la fin de l'année. Bien qu'elle ne soit pas compromise, cette amitié s'est trouvée quelque peu contrariée ces derniers jours par une sombre polémique sur les crimes perpétrés par la France coloniale, notamment les massacres du 8 Mai 1945. À l'obligation de repentance exigée par Alger, Paris a répliqué par la nécessité de redéfinir les faits historiques. Une association d'anciens combattants est montée au créneau pour réduire le carnage de 1945 à une banale opération de “rétablissement de l'ordre”. Quoi qu'il en soit, Dominique Perben aura certainement à revenir sur cette controverse au cours de ses rencontres avec les journalistes. Du côté algérien, on voudrait limiter la visite du ministre français dans un cadre exclusif de coopération. Demain, l'invité de M. Bélaïz se rendra à Blida où il visitera le siège de la cour de justice avant de s'envoler pour Bordeaux. Un entretien avec Abdelamadjid Silini, bâtonnier national à la Cour suprême était prévu. Cependant, la copie en arabe n'y fait aucune référence. De même, des rendez-vous avaient été arrangés avec Mohamed Boutaren, premier président de la Cour suprême, Fella Henni, présidente du Conseil d'Etat et Tahar Melaksou, président de la Chambre des notaires. S. L.