C'est ce qui ressort de la première rencontre en plus de deux ans entre les représentants des deux pays, après les tensions provoquées par les ambitions nucléaires de Pyongyang. «La partie nord-coréenne va envoyer une délégation du Comité olympique national, des athlètes, des pom-pom girls, un groupe d'artistes, une équipe de démonstration de taekwondo et un service de presse», ont annoncé les deux pays dans un communiqué à l'issue de ce rendez-vous. La rencontre s'est déroulée à Panmunjom, village frontalier où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de 1950-1953 entre les deux pays, dans la zone démilitarisée (DMZ), qui divise la péninsule. Le ministre sud-coréen de l'Unification, Cho Myoung-Gyon, et le responsable de la délégation nord-coréenne, Ri Son-Gwon, se sont mis d'accord quant à «abaisser la tension actuelle et tenir des discussions militaires sur la question». Les deux camps ont décidé de rétablir une liaison téléphonique militaire qui a été coupée en février 2016, afin d'améliorer la communication entre les armées de ces deux pays, toujours techniquement en guerre. Séoul a demandé à cette occasion que soit organisée, parallèlement aux JO, une réunion des familles séparées par la guerre intercoréenne et a appelé à des pourparlers entre Croix-Rouge des deux pays. Depuis deux ans, la situation sur la péninsule s'est dégradée, le Nord menant trois nouveaux essais nucléaires et multipliant les tirs de missile. Séoul s'efforce de présenter les JO, qui se tiendront du 9 au 25 février à Pyeongchang, à tout juste 80 kilomètres de la DMZ, comme les «Olympiades de la paix». Pour ce faire, la participation du Nord est importante. Les pourparlers font suite à la main tendue le jour du Nouvel An par le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, en vue des JO. La semaine dernière, le téléphone rouge entre les deux voisins a été rétabli après près de deux ans de silence. Reste encore à déterminer si les représentants des deux pays feront une entrée commune lors des cérémonies d'ouverture et de clôture, comme à Sydney en 2000, à Athènes en 2004 et à Turin en 2006. Les deux parties ont exprimé leur souhait d'évoquer des thèmes au-delà de l'olympisme. Pyongyang a jusqu'à présent réclamé, au préalable à Séoul s'agissant des familles séparées, le rapatriement par le Sud de Nord-Coréens. Ceci dit, les Etats-Unis et la Corée du Sud ont accepté la semaine dernière de reporter leurs manœuvres Foal Eagle et Key Resolve jusqu'à l'après-JO dans le but d'apaiser les tensions. Le président américain, Donald Trump, s'est félicité ce week-end de la reprise des discussions, espérant qu'elles aillent «au-delà » des JO. Il s'est aussi dit prêt à s'entretenir avec Kim Jong-un. Ni guerre ni paix De 1910 à 1945, la péninsule coréenne est colonisée par le Japon. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux «grands», à savoir les Etats-Unis et l'URSS, voient en la péninsule coréenne une région importante pour élargir leurs zones d'influence. Dans ce contexte, sont instaurées en 1948 deux entités opposées : la République de Corée, avec pour président Syngman Rhee, sous influence américaine, et la République populaire démocratique de Corée du Nord, pro-soviétique, dirigée par Kim Il-sung. En juin 1950, la Corée du Nord déclenche une offensive le long du 38e parallèle. Ses troupes entrent dans Séoul. L'ONU, qui a décidé de soutenir la Corée du Sud, confie le commandement des troupes aux Etats-Unis. L'offensive américaine débute en août avec d'intenses bombardements. En octobre de la même année, l'armée sud-coréenne franchit le 38e parallèle. L'armée chinoise, qui soutient le régime du Nord, entre dans le conflit. L'offensive chinoise oblige les forces internationales à évacuer Séoul et à reculer de 100 km au sud du 38e parallèle. Le 27 juillet 1953, est paraphé l'armistice de Panmunjom qui met fin à la guerre. Mais aucun traité de paix n'est signé. Une zone est instituée le long de la frontière. Le texte fixe aussi la ligne de limite nord, dans la mer Jaune. Pyongyang ne la reconnaît pas comme frontière maritime, car elle a été décidée par le commandement des Nations unies, mené par les Etats-Unis. Des accrochages meurtriers se sont produits après la guerre. Un projet intercoréen de réunion des familles divisées prend forme en 1971 sous l'égide de la Croix-Rouge. Il conduit à la déclaration commune du 4 juillet 1972, par laquelle les deux Etats expriment leur volonté d'une réunification pacifique sans ingérence étrangère. Mais leurs relations se détériorent durant la décennie 1980. Après la fin de la guerre froide, un rapprochement est amorcé par les deux pays. Le 13 décembre 1991, est signé entre les deux Corées un accord de base sur la réconciliation portant sur la non-agression, les échanges et la coopération, suivi le 20 janvier de l'année suivante d'une déclaration commune sur la dénucléarisation de la péninsule. Il faut attendre l'élection de Kim Dae-Jung à la présidence de la Corée du Sud pour voir les rapports entre les deux voisins se détendre. Il initie, en 1998, la politique de rapprochement, dite «du rayon de soleil». En 2000, les deux pays ouvrent des bureaux de liaison dans le village frontalier de Panmunjom, ce qui permet aux centaines de familles séparées de se rencontrer. En janvier 2002, le président américain, George W. Bush, évoque dans son discours l'«axe du mal» dans lequel il inclut la Corée du Nord. En décembre de la même année, Pyongyang annonce la reprise de son programme nucléaire. Comme il annonce, en janvier 2003, son retrait du Traité de non-prolifération nucléaire et en juin est lancée la zone économique spéciale intercoréenne de Kaesong, en Corée du Nord, qui ambitionne d'accueillir, d'ici à 2020, au moins 2000 entreprises et d'employer plus de 500 000 travailleurs nord-coréens. En août 2003, est tenue la première rencontre à Six sur la dénucléarisation de la Corée du Nord. Elle a réuni la Corée du Nord, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie. Dans le cadre de ces négociations à Six, la Corée du Nord accepte de «désactiver» son programme nucléaire en février 2007 en échange de la fourniture d'énergie et de garanties de sécurité par les Etats-Unis. Mais après avoir montré des signes de bonne volonté en 2008, Pyongyang claque la porte des négociations à Six et annonce avoir effectué «avec succès» un deuxième essai nucléaire souterrain en mai 2009. Plusieurs conflits ont éclaté entre les deux voisins. Entre autres, en août 2015, l'armée sud-coréenne a repris ses diffusions par haut-parleurs en direction de la Corée du Nord dans la région de l'Ouest en représailles à l'incident des mines antipersonnel dans la DMZ, dont le Sud accuse le Nord. C'est la première fois depuis juin 2004 que le Sud utilise les haut-parleurs comme arme psychologique contre la Corée du Nord. Le département de la Propagande de l'armée populaire nord-coréenne a menacé de lancer «des assauts indiscriminés, si la Corée du Sud ne cessait pas ses diffusions». Deux jours plus tard, l'armée du Sud a indiqué que la Corée du Nord a aussi repris ses diffusions contre son voisin dans la région de l'Est. Pour trouver une issue au conflit, Séoul et Pyongyang ont fini par organiser une rencontre dans le village frontalier de Panmunjom, peu de temps après l'expiration d'un ultimatum de la Corée du Nord, qui a menacé son rival d'une «guerre totale» s'il ne cessait pas sur-le-champ ses opérations de propagande. Le 2 janvier 2017, le président américain, Donald Trump, a affirmé que la Corée du Nord ne sera jamais en mesure de développer une «arme nucléaire capable d'atteindre le territoire américain». En juillet, la Corée du Nord procède à deux tirs de missile intercontinental : «Tout le territoire américain est à notre portée», déclare Kim Jong-Un. Le 8 août, Donald Trump promet «le feu et la colère» sur le Nord. Le 29 août, Pyongyang envoie un missile balistique au-dessus du Japon. Le président américain affirme que «discuter» avec la Corée du Nord «n'est pas la solution». Le 3 septembre, les Nord-Coréens réalisent leur sixième essai nucléaire, affirmant avoir testé une bombe H.