Les relations entre Pyongyang et Séoul sont-elles en train de s'améliorer ? Au lendemain de l'offre de dialogue de la Corée du Sud, Kim Jong-un a ordonné le rétablissement de la ligne téléphonique d'urgence qui relie la Corée du Nord à son voisin. Seul moyen de communication entre les deux pays, ce dispositif a fonctionné de nouveau hier. Instaurée en août 1972, la ligne de Panmunjeom, du nom du village frontalier où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de Corée (1950-1953), était coupée depuis 2016, à l'initiative de Pyongyang après que Séoul eut décidé, unilatéralement, de fermer la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, pour protester contre un essai nucléaire du Nord. L'objectif de ce rétablissement est notamment de discuter des modalités d'un dialogue entre les deux Corées. Le gouvernement sud-coréen avait proposé mardi la tenue de pourparlers à haut niveau le 9 janvier à Panmunjom. Il s'agira, a précisé le ministre sud-coréen de l'Unification, Cho Myoung-gyon, non seulement de discuter de la participation de la Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver, qui doivent avoir lieu à Pyeongchang en février, mais aussi «d'autres questions d'intérêt mutuel pour l'amélioration des relations intercoréennes». Cette décision est un «développement significatif», a estimé le porte-parole du président sud-coréen. Cette initiative fait suite au discours du Nouvel An prononcé par Kim Jong-un, annonçant être ouvert à des entretiens avec Séoul et proposant d'envoyer une délégation aux JO de Pyeongchang. Inattendu, ce geste d'ouverture survient dans un contexte de tensions croissantes dues à la multiplication des tirs de missiles balistiques de la Corée du Nord. En même temps, le pays n'a jamais été autant isolé sur la scène internationale. Les Nord-Coréens en souffrent beaucoup. Il est possible que Kim Jong-un cherche, à travers sa démarche, à réduire l'asphyxie qui frappe l'économie de son pays. Quoi qu'il en soit, la communauté internationale saura bien assez vite si les dirigeants nord-coréens sont réellement prêts à s'asseoir autour d'une table pour négocier les termes d'un règlement durable de la vieille crise de la péninsule coréenne. Une nouvelle chance pour la paix Depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), les deux Etats rivaux sont séparés par la zone démilitarisée (DMZ), l'une des frontières les plus fortement armées du monde. Les derniers pourparlers bilatéraux remontent à 2015. Le président sud-coréen, Moon Jae-In, qui a toujours été partisan du dialogue, a salué les propos de son homologue nord-coréen comme une occasion de relancer le dialogue. Il a toutefois souligné que l'amélioration des relations bilatérales devait s'accompagner de mesures en vue de la dénucléarisation. La dénucléarisation souhaitée par Séoul ne fait cependant pas partie des priorités de Pyongyang. Du moins pas maintenant. Kim Jong-un a d'ailleurs été très clair sur la question. Lors de son discours du Nouvel An, il a exprimé une fermeté renouvelée en matière militaire, répétant que son pays était un Etat nucléaire à part entière. Le chef de l'Etat nord-coréen a ajouté qu'il y avait «toujours un bouton nucléaire sur le bureau». Pyongyang soutient avoir besoin d'armes nucléaires pour se protéger de «l'hostilité de Washington». Les Nord-Coréens ont semé l'inquiétude au sein de la communauté internationale en multipliant les tirs de missiles et en menant en septembre leur sixième essai nucléaire, le plus puissant à ce jour. La Corée du Nord qui, selon ses aveux, cherche à mettre au point une tête nucléaire capable de frapper le territoire continental américain a cependant essuyé de multiples trains de sanctions de l'ONU. Ce qui a eu pour conséquence de l'affaiblir considérablement. A ce propos, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a estimé mardi que les négociations ne peuvent être qu'un «rafistolage» si elles n'abordent pas la question du nucléaire. Elle a répété également que les Etats-Unis n'accepteront jamais une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire. Une charge supplémentaire après la provocation, plus tôt dans la journée, de Donald Trump affirmant dans un tweet qu'il avait «un bouton nucléaire beaucoup plus gros et plus puissant» que celui de Kim Jong-un. En clair, cela veut dire que le chemin de la paix est encore long. Les peuples de cette partie du monde ont néanmoins prouvé, à de nombreuses reprises, que rien n'était impossible pour eux.