Depuis sa mise en circulation le 3 mai 2009, l'autorail Béjaïa-Alger fait de nombreux satisfaits parmi les voyageurs. Les week-ends, la gare du chef- lieu de wilaya fait pratiquement le plein au départ de l'autorail à 6h25mn. Les citoyens ont réappris à prendre en famille le train qu'ils ont longuement boycotté pour des raisons d'insécurité et d'inconfort. « En dehors des week-ends et des vacances où nous épuisons pratiquement tout notre quota de billets, on a une moyenne de 100 passagers par jour. Nous ne descendons pas en deçà d'une soixantaine de voyageurs », nous explique-t-on à la gare de Béjaïa. L'offre étant limitée, la direction de la SNTF a choisi le système des quotas. C'est donc 149 places pour la gare du chef-lieu de wilaya, et le reste est réparti parcimonieusement sur les quelques gares où l'autorail fait des arrêts, dont cinq sur le territoire de la wilaya et autant sur le reste du trajet entre les wilayas de Bouira et Boumerdès, et la gare d'Alger. Si la gare de Sidi Aïch a droit à un quota de 36 billets à céder, à El Kseur, Akbou, Tazmalt, par exemple, c'est à peine deux places. « S'il y a besoin de mettre un deuxième autorail sur la ligne, nous le ferons », répondait Amar Tou, ministre des Transports, lors d'une visite d'inspection à l'autorail qui était longtemps en stationnement à la gare de Béjaïa. Un deuxième train, ce n'est pas encore au programme. En attendant, le « succès » de l'autorail ne fait pas que des heureux. Il y a forcément des insatisfaits. « Au cas où il reste des places de notre quota, nous passons l'offre aux autres gares au moyen de dépêches », nous informe notre interlocutrice à la gare de Béjaïa. En attendant une deuxième rotation, on gère les quotas en se faisant passer le relais entre gares. Qu'est-ce qu'offre alors cette nouvelle machine pour laquelle l'on ne rechigne pas à débourser cher (710 DA le billet) pour y prendre place pour Alger ? Conçu aux normes de l'Union internationale des chemins de fer (UIC), l'autorail de Béjaïa-Alger fait partie d'un premier lot de 17 unités que la SNTF a acquises dans le cadre de sa politique de réhabilitation. Il se propose de transporter quotidiennement 200 passagers sur la ligne Béjaïa-Alger dans des conditions qui charment de plus en plus de monde. Climatisation, siège-pilote, confort, musique, buvette, chariots en circulation, vente de journaux, annonce des gares, système informatisé pour le contrôle de la sécurité et la communication avec les passagers… Rien à voir avec les vieilles machines « mourantes » qui continuent, quand même, de circuler dans l'ombre des nouvelles. « Honnêtement, c'est confortable et surtout sécurisé », nous dit un passager habitué de cet autorail. Deux agents de sécurité, de la filiale Rail-Protect, sont, en effet, présents en permanence dans les rames pour s'assurer des conditions de tranquillité d'un voyage qui prend, en moyenne, quatre heures. Théoriquement c'est 3 heures et 55 minutes, mais des contraintes sont à lever pour le permettre réellement.