Pour son baptême du feu, seules onze personnes étaient du voyage et quarante au deuxième jour de sa mise en circulation. Le pari de la Sntf de reconquérir les voyageurs qui ont déserté les gares depuis une décennie au profit des autobus et autres taxis collectifs s'annonce d'ores et déjà difficile. En effet, aucune étude managériale n'a été élaborée, notamment en matière d'adaptation des prix au pouvoir d'achat des larges couches sociales d'une part et des horaires saisonniers de départs et d'arrivées d'autre part. La mise en service samedi dernier de la ligne autorail Béjaïa-Alger se fait timidement et en deçà des attentes et de l'engouement attendus à l'ère du développement des Ntic (nouvelles techniques d'informations et de communication) et du management-marketing. Suspendue depuis cinq ans, la ligne d'autorail reliant Bejaïa à Alger a été inaugurée officiellement le 2 mai 2009 et opérationnelle le lendemain matin à partir de la gare de Béjaïa. Après des essais concluants et satisfaisants, dont l'ultime essai technique remonte au 7 avril dernier, et des mises en circulations programmées puis repoussées ultérieurement pour des raisons purement techniques, l'autorail tant attendu par les citoyens de Béjaïa est bel et bien fonctionnel et opérationnel depuis le dimanche 3 mai après son inauguration officielle, la veille, par le Président Bouteflika. Les Béjaouis peuvent désormais se rendre à Alger en 4 heures de temps grâce à l'autorail. Ce qui leur permettrait d'éviter les fréquents bouchons routiers. D'une capacité de 200 places assises et de quelque 160 places debout, l'autorail pourrait même jumeler avec un autre autorail pour doubler sa capacité. Pour son baptême du feu, seules onze personnes étaient du voyage et quarante au deuxième jour de sa mise en circulation. Néanmoins, au troisième jour, ils n'étaient que 26 personnes à bord pour le voyage de 6h25, soit 14 voyageurs de moins. Les raisons sont d'ordre pécuniaire et technique. «Je pense que le prix arrêté à 690 DA pour Béjaïa-Alger est un peu excessif compte tenu du pouvoir d'achat des larges couches des citoyens, tandis que les horaires fixées n'arrangent personne. Partir pour Alger et arriver à 10h20 pour revenir à 15h15, ne laisse pas de temps pour régler ses affaires», soulignent plusieurs voyageurs rencontrés dans la salle d'attente de la gare de Béjaïa. «On aurait aimé que l'horaire de départ soit avancé et celui du retour reculé», souligne un autre citoyen venu s'informer sur le fameux autorail. Il n'en demeure pas moins que même si l'engouement est timide les premiers jours, avec ses atouts de modernité, confort, vitesse, sécurité et climatisation, l'autorail Béjaïa-Alger peut conquérir ses voyageurs à condition d'être au diapason de la réalité pour ne pas retomber dans le subterfuge de rentabilité qui a fait perdre d'autres dessertes pour la wilaya vers la capitale. D'autant qu'il est prévu des tarifs spéciaux en matière d'abonnement (35%) de réduction, billet aller-retour(15%), carte de famille nombreuse(30%), carte jeune (20%), carte 3e âge (20%) carte demi-tarif (50%) et autres voyages groupés (30%) selon la qualité et le nombre. Mais le chemin est encore loin au plus vieux moyen de transport motorisé pour reprendre la place qui est la sienne, à l'instar des pays développés.