L'ours polaire en détresse, les esquimaux qui abandonnent leur village, la multiplication des inondations… Le dernier film documentaire sur le réchauffement climatique est un appel au secours. Les experts n'ont jamais cessé de le répéter : le dioxyde de carbone, CO2, fait mal à la terre. Le grec, Nikolas Koutsikas, et le français, Stéphen Poulle, ont tenté de le démontrer dans Carbone, ennemi public numéro 1, un documentaire produit en 2009 et présenté à la salle Cosmos à Alger lors des Journées du film francophone qui se sont achevées le 25 mars. L'affiche du documentaire résume, à elle seule, le drame actuel : un ours blanc sur une banquise, avec comme fond l'image d'une ville américaine illuminée la nuit. L'ours polaire est menacé. Il est répertorié dans la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Dans moins d'un siècle, l'espèce risquera de disparaître. Le documentaire donne la parole à plusieurs spécialistes comme Michel Jarraud, secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) et ancien lauréat du prix Nobel de la paix, Todd Stern, conseiller du président américain, Barak Obama pour l'environnement, ainsi que Stavros Dimas, commissaire européen à l'environnement. « Le climat de la Terre se détraque, et rares sont ceux qui doutent encore de l'influence des activités humaines dans une catastrophe annoncée. Le réchauffement climatique est déjà une réalité quotidienne. La communauté scientifique entière se mobilise pour tenter d'en limiter les conséquences les plus dramatiques », est-il relevé. Si le réchauffement de la planète continue au rythme actuel, le CO2 rendra la Terre de plus en plus inhospitalière. Des images terribles de l'Alaska sont montrées. « A la place de la neige, nous avons de la pluie », dit un habitant. En octobre 2004, un village du cercle polaire a failli être englouti par une mer en furie, en raison du retard de l'arrivée des glaces. Les Esquimaux ont été obligés d'abandonner le village pour ne pas périr sous les eaux. Réfugiés climatiques Selon l'ONU, 150 millions de personnes sont condamnées à se déplacer en raison de la hausse du niveau des mers dans les prochaines années. La multiplication des inondations et des canicules est née d'un dérèglement climatique. « En détruisant des forêts pour cultiver plus de terres, l'homme va ouvrir la boîte de pandore. Il va puiser dans les réserves de carbone fossile enfouies sous terre depuis la nuit des temps et ils les mettra dans l'atmosphère. Le carbone qui reste dans l'atmosphère rajoute à l'effet de serre », explique un scientifique. « L'effet de serre, notre cauchemar. En émettant plus de CO2, on augmente le réchauffement de la planète », enchaîne le commentateur. En plus de la vapeur d'eau, les gaz à effet de serre sont, entre autres, le CO2, le méthane et l'ozone. Après plusieurs recherches et hésitations, le GIEC a mis en cause ouvertement le dioxyde de carbone comme principal responsable du changement climatique. « Il est évident que les activités qui émettent du gaz carbonique imposent un coût à la Terre, à notre génération et aux générations prochaines. Nous devons tout faire pour contrôler notre façon d'émettre des gaz à effet de serre », estime Rajendra Pachauri. La fonte des glaciers est perçue comme un indice indiscutable du réchauffement de la planète bleue. La hausse des températures est estimée à 6 degrés. C'est le scénario haut qu'a prévu le GIEC. Cette hausse pourrait dérégler le cycle du carbone et entraîner le climat dans l'inconnu. Heureusement que les « puits océaniques » et ceux de la biosphère permettent que 15 à 20% du CO2 restent dans l'atmosphère. Grâce à ces deux « puits », la terre régule son climat. Jusqu'à quand ? Le documentaire de Nikolas Koutsikas (qui a déjà réalisé Gulf Stream ou le prochain Age de glace) et de Stéphen Poulle pose de grandes questions également : « L'homme réussira-t-il à limiter ses émissions de gaz à effet de serre et à quel prix ? La communauté internationale parviendra-t-elle à s'entendre pour éviter le pire ? Et si, en définitive, le réchauffement de la planète était une chance pour l'avenir de l'humanité ? » Pas de réponses pour l'instant.