La question de la maintenance des équipements médicaux en Algérie pose un véritable problème chez les spécialistes exerçant dans le secteur, notamment ceux du privé. « Depuis la dissolution de l'Enemedi, il n'est pas aisé de dénicher un technicien en maintenance d'équipements médicaux », confie un cardiologue, le Dr Benouadah, précisant que le parc d'échographes en panne « devient de plus en plus important. Cela est lié au défaut de maintenance après la phase de garantie qui est de 12 mois ». Au-delà de cette échéance, le médecin spécialiste est livré à lui-même. En effet, depuis les années 90, nous remarquons l'afflux des représentants des grandes marques en Algérie (faisant la promotion de matériel médical en provenance de pays européens), et ce, suite à la fin du partenariat établi entre la société algérienne, Enemedi, et Kontron Instrument sise à Bouzaréah, pour le montage et la maintenance des échographes, amplificateurs de brillance et autres fau- teuils dentaires. Notre interlocuteur qui a son cabinet à Bab el Oued fait part « des tarifs des consultations qui ont triplé, car les confrères doivent rentabiliser le matériel ». Pour revenir au problème de base qui est celui de la maintenance, le praticien explique : « Quand vous avez un problème avec votre machine, on vous répond qu'elle est hors gamme ou hors catalogue et qu'il y a lieu d'acquérir du matériel neuf. C'est inconcevable d'abandonner un secteur où tant de milliards partent en fumée et dont les conséquences directes sur les coûts des actes médicaux sont palpables (actes opératoires, explorations radiologiques, etc.) ». Cela devient évidement un cauchemar pour les patients, non sans faire le bonheur des fournisseurs étrangers. « Personnellement, poursuit-il, je cherche à dépanner ma machine depuis le mois d'août 2009, en vain. Je ne trouve pas la carte défaillante (carte mère CPU). J'ai trouvé le même modèle toujours en vente, en France (Kontron Sigma Iris 440 CD) pour 4500 euros. Je voulais l'importer pour servir de pièce détachée, mais la loi algérienne interdit l'importation de machines de deuxième main depuis l'an 2000. Ainsi la boucle est bouclée ! Devant ce parc d'équipements en jachère, tant de praticiens qui abondent dans le même sens ne savent plus à quel saint se vouer. Ils suggèrent la relance du secteur de la maintenance en Algérie, par l'encouragement de la formation et la création d'un organisme national pour récupérer et maintenir tout le matériel en panne pour remise en marche, car un échographe ou un scanner, ce n'est rien d'autre qu'un jeu de cartes mère, graphiques et sonores, des cartes électroniques avec des sondes et un moniteur », relève-t-il.