L'opération a pour objectif de mettre fin à l'offensive turque contre cette enclave du nord-ouest du pays. L'armée turque, appuyée par des rebelles syriens, mène depuis un mois une offensive terrestre et aérienne contre cette zone pour en chasser les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice est considérée comme «terroriste» par Ankara, mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. «Les forces populaires vont arriver à Afrine dans les prochaines heures pour soutenir ses habitants contre l'attaque du régime turc», a indiqué Sana. Elles vont «se joindre à la résistance contre l'agression turque», a ajouté Sana, précisant qu'il s'agit de «défendre l'unité territoriale et la souveraineté de la Syrie». Damas a dénoncé l'«agression» d'Ankara à Afrine, région du nord-ouest de la province d'Alep et bordée par la Turquie. En visite en Jordanie, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a mis en garde un peu plus tard dans la journée contre toute intervention de forces progouvernementales syriennes aux côtés des milices kurdes à Afrine, affirmant qu'elle n'empêcherait pas Ankara d'y poursuivre son offensive. «Si le régime entre pour protéger les YPG, personne ne pourra arrêter la Turquie ou les soldats turcs. Cela est valable pour Afrine, pour Minbej et pour l'est de l'Euphrate», a déclaré le chef de la diplomatie turque, en se référant à d'autres zones en Syrie, où les YPG sont présentes. «Si le régime entre pour nettoyer la région du PKK/YPG, il n'y a pas de problème», a-t-il ajouté. De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est entretenu au téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, dont le pays soutient le régime syrien et contrôle l'espace aérien dans le nord de la Syrie. Des sources présidentielles turques font état d'échanges sur les «derniers développements en Syrie, particulièrement à Afrine et Idleb». «La question de l'instauration de nouveaux postes d'observation dans la zone de désescalade d'Idleb a également été abordée», ont ajouté ces sources. La province rebelle d'Idleb est la dernière à échapper entièrement au contrôle de Damas. Elle est actuellement contrôlée par Hayat Tahrir Al Cham, groupe djihadiste dominé par l'ex-branche locale d'Al Qaîda, ainsi que par plusieurs groupes rebelles. Lors de pourparlers à Astana (Kazakhstan) l'année dernière, la Turquie, soutien des rebelles syriens, et l'Iran et la Russie, alliés du régime, s'étaient mis d'accord sur la création de zones de «désescalade» censées contribuer à réduire les violences. Six postes d'observation turcs ont déjà été établis à Idleb en application de l'accord. En 2012, après le retrait des forces gouvernementales de la zone, Afrine est devenue la première région kurde en Syrie à échapper au contrôle du régime de Bachar Al Assad et les autorités y ont installé une administration autonome. Mais des négociations sont en cours pour un retour potentiel des forces progouvernementales dans l'enclave. «Des discussions ont lieu sur le plan militaire», a affirmé dimanche le coprésident du Conseil exécutif d'Afrine, Heve Moustafa. La semaine dernière, le commandant des YPG, Sipan Hamo, a déclaré que ses forces n'ont «aucun problème» avec une intervention militaire du régime syrien «pour défendre Afrine et sa frontière face à l'occupation turque». Les autorités kurdes restent vagues sur le type de déploiement qu'elles accepteraient à Afrine. Le mois dernier, Othmane Al Cheikh, l'autre coprésident du Conseil exécutif d'Afrine, a exhorté le régime de Damas à empêcher l'aviation turque de survoler le canton. Divergences La Turquie a déclenché le 20 janvier l'offensive pour déloger les Kurdes d'Afrine. Baptisée «Rameau d'olivier», cette opération a créé des brouilles dans les relasions entre Ankara et Washington, alliés au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Jeudi dernier, le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, s'est entretenu à Ankara avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour tenter d'apaiser la tension. Sachant que la situation pourrait s'aggraver si la Turquie avance comme promis vers Minbej, à une centaine de kilomètres à l'est d'Afrine, également contrôlée par les YPG, mais avec des militaires américains à leurs côtés. Les Etats-Unis entendent discuter des «mesures qui peuvent être prises» face aux «inquiétudes sécuritaires légitimes» de la Turquie. Mais Ankara exige que Washington rompe avec les YPG et reprenne les armes fournies à cette milice. «Nous n'avons jamais donné d'armes lourdes aux YPG, donc il n'y en a aucune à reprendre», a rétorqué jeudi le chef de la diplomatie américaine à Beyrouth, juste avant d'arriver à Ankara. Il a auparavant prévenu que les Etats-Unis allaient «continuer à former des forces de sécurité locales», tout en veillant à ce qu'elles «ne représentent pas une menace pour les voisins». Outre Washington et Ankara, le conflit syrien continue à susciter des tensions entre différents acteurs impliqués dans la région. Le 10 février, Israël a mené une série d'attaques aériennes en Syrie, frappant des cibles militaires syriennes mais aussi «iraniennes» et perdant un de ses avions, un F-16. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a dit ne pas chercher l'escalade, mais a prévenu qu'il ne permettra aucun «ancrage» militaire de l'Iran à ses portes, en Syrie. L'offensive israélienne a été provoquée, selon Tel- Aviv, par l'intrusion dans son espace aérien d'un drone iranien lancé de Syrie. L'Iran a démenti dans un communiqué toute violation de l'espace aérien israélien et qualifié les affirmations israéliennes de «ridicules». En janvier dernier, à Moscou, Netanyahu a évoqué devant le président Vladimir Poutine le danger de voir l'Iran prendre pied militairement en Syrie.