La plus grande région céréalière du pays, dans le triangle Rahouia Machraâ Sfaâ Mahdia (Tiaret), là où les rendements sont les plus réguliers et les plus élevés de l'ouest du pays, avec une surface emblavée de plus de 350 000 ha, est en proie à une infestation à la septoriose et à la tache auréolée, toutes deux provoquées par 2 champignons. Ce sont pas moins de 10 000 ha qui seraient déjà infestés par ces deux maladies cryptogamiques. Le plus étonnant est que ces maladies, qui étaient présentes, n'avaient jamais été prises en compte par les fellahs. Les attaques de cette année, favorisées par des pluies abondantes et soutenues, ayant jalonnée les mois de février et mars, ont créé les meilleures conditions pour le développement de ces maladies. Dès les premières alertes, la ruée vers les fongicides a réduit considérablement les stocks, alors que les infestations sont en constante augmentation. Dans la région de Mechraâ Sfaâ, c'est le branle-bas de combat chez les agriculteurs, les responsables de la protection des végétaux, la chambre de l'agriculture, l'OAIC et la DSA, qui ont organisé dans la précipitation une journée de vulgarisation et de traitement contre ces maladies qui peuvent causer jusqu'à 50% de pertes. D'emblée, les fellahs ont posé le problème de l'indisponibilité des fongicides. Pour l'OAIC, organisme distributeur, il a été déstocké pas moins de 680 litres de produit en l'espace d'une semaine, le stock restant s'élève seulement à 100 litres. Le représentant de l'OAIC soutiendra que plus de 8100 litres sont en rade au port d'Alger, depuis déjà 5 jours. L'impatience des fellahs est à son comble, car selon les spécialistes présents sur les lieux, il suffirait d'une faible averse pour que la maladie prenne une ampleur irréversible sur la production, car les blés sont au stade début épiaison, soit le stade végétatif le plus critique, du fait que la plante ne peut plus remplacer les feuilles terminales qui forment le grain et assurent le rendement. Présent sur les lieux, le DSA assurera les fellah que les produits seront vendus à crédit par l'OAIC, à charge pour les fellahs de le payer à la récolte. Encore faudrait-il que les fongicides arrivent à temps dans les champs, car les fellahs de la région sont à la limite de l'abattement. Septoriose et tache auréolée sont déjà sur les feuilles, seul un miracle pourra sauver la récolte. Si l'épidémie n'est pas circonscrite dans les prochains jours, tous craignent une chute irréversible des rendements dans une wilaya qui participe pour 10% à la production céréalière nationale. Dans les conditions actuelles, le potentiel de rendement est estimé à 6 millions de quintaux.