«L'Otan ! Avec ce qui se passe en Syrie, quand allez-vous venir et nous rejoindre ?» a déclaré le président turc devant ses partisans réunis à Bolu, à l'est d'Istanbul. «Nous sommes en permanence harcelés par des groupes terroristes à nos frontières. Malheureusement, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu une seule voix ou un seul mot positif» de l'Alliance Atlantique, que son pays a rejointe en 1952. La Turquie a déclenché le 20 janvier dernier une opération militaire dans la région d'Afrine, dans le nord de la Syrie, à proximité de la frontière turque, avec pour objectif d'en déloger les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Pour les autorités turques, les YPG sont des «terroristes» et sont une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) engagé dans une guérilla sur le sol turc depuis 1984. Mais les YPG sont des alliées des Etats-Unis dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique, et l'offensive de l'armée turque a crispé les relations entre Ankara et Washington, ainsi qu'avec des membres de l'Otan, comme la France. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a réagi à l'opération turque en Syrie en déclarant qu'Ankara a le droit de se défendre, mais que «cela devait se faire de façon proportionnée et mesurée». Recep Tayyip Erdogan a reproché à Washington d'armer les YPG. «Est-ce cela l'amitié ? Est-ce l'unité de l'Otan ? Ohé l'Otan ! Quand serez-vous avec nous ? Ne sommes-nous pas membre de l'Otan ?» s'est interrogé le président turc un peu plus tard dans la journée à Sakarya. La Turquie a «tenu sa promesse» en participant aux interventions de l'Otan en Afghanistan, dans les Balkans et au large de la Somalie, mais l'Alliance n'a pas fait de même au sujet de la Syrie. Le président Erdogan s'est dit de nouveau sûr de conquérir Afrine, les troupes turques et leurs alliés en Syrie n'étant plus qu'à quatre ou cinq kilomètres de cette ville. «Nous allons prendre Afrine», a-t-il indiqué, assurant toutefois : «Nous ne sommes pas des occupants.» Samedi, le président turc a affirmé que l'opération menée contre la milice kurde des YPG dans le canton syrien d'Afrine serait étendue en direction de la frontière irakienne et notamment de la ville kurde symbolique de Kobané. Une fois Afrine «nettoyée des terroristes, nous nettoierons aussi Minbej, Aïn Al Arab (nom arabe de Kobané, ndlr), Tal Abyad, Ras Al Aïn et Qamichli», a-t-il lancé dans un discours télévisé prononcé à Mersin, dans le sud de la Turquie. Kobané revêt une signification symbolique puisque cette ville a été au cœur d'intenses combats entre Daech et les YPG qui avaient réussi à la reprendre aux djihadistes en janvier 2015, au terme de quatre mois d'affrontements. Qamichli est en grande partie sous le contrôle des autorités kurdes locales, et les forces du régime de Damas y ont une présence limitée. Le président Erdogan a en outre appelé l'Alliance Atlantique à soutenir son offensive.