Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé hier que l'opération actuellement menée contre la milice kurde des YPG dans le canton syrien d'Afrine serait étendue en direction de la frontière irakienne et notamment de la ville kurde symbolique de Kobané. Une fois Afrine «nettoyée des terroristes, nous nettoierons aussi Minbej, Aïn al-Arab (nom arabe de Kobané, ndlr), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli», a déclaré le président turc dans un discours télévisé prononcé à Mersin, dans le sud de la Turquie. Ankara a déclenché le 20 janvier une offensive militaire à Afrine, une région du nord-ouest de la Syrie, pour en déloger les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Daesh mais considérée comme «terroriste» par la Turquie. Depuis, les autorités turques ne cessent de revendiquer leur volonté de poursuivre cette opération plus à l'est, M. Erdogan affirmant notamment vendredi que les forces turques iraient «jusqu'à la frontière irakienne». Le président turc mentionne ainsi régulièrement Minbej, où sont pourtant déployés des soldats américains, ce qui a davantage tendu les rapports entre Ankara et Washington, déjà orageux en raison du soutien américain apporté aux YPG. Kobané revêt une signification symbolique puisque cette ville avait été au cœur d'intenses combats entre Daesh et les YPG qui avaient réussi à la reprendre aux terroristes en janvier 2015, au terme de quatre mois d'affrontements. Qamichli est en grande partie sous le contrôle des autorités kurdes locales, mais les forces gouvernementales y ont une présence limitée. M. Erdogan a, en outre, appelé hier l'Alliance atlantique à soutenir son offensive. «La Turquie n'est-elle pas membre de l'Otan ?», a-t-il interrogé. «Nous avons répondu aux appels (à intervenir) en Afghanistan, en Somalie, dans les Balkans. Maintenant, moi aussi je lance un appel, allez, viens en Syrie. Pourquoi ne viens-tu pas ?» L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a déclaré hier que les forces turques et leurs supplétifs syriens étaient désormais à 4 km de la ville d'Afrine. M. Erdogan avait affirmé vendredi que les forces turques étaient prêtes à y entrer «à tout moment».