Devant un public venu nombreux, nonobstant les conditions météorologiques très délicates, l'auteure de Sans voile, sans remords (prix de l'Association des écrivains d'expression française en 2013), a expliqué comment lui est venue l'idée d'écrire ce livre. «Je voulais mettre à nu les nombreuses dérives qui polluent le quotidien des Algériens en les tournant en dérision. Il y a un adage algérien qui dit : hem ybeki w hem ydhahek (un malheur fait pleurer et un autre fait rire, ndlr). La décadence de notre société pèse sur les esprits et je voulais tenter de dérider l'atmosphère en riant de nos problèmes», déclare Leïla Aslaoui. Mohamed Daoud, universitaire, chargé à cette occasion de présenter l'auteure et d'apporter son analyse d'homme littéraire, a résumé son allocution en une phrase : «Ce recueil de nouvelles est une radioscopie de l'Algérie d'aujourd'hui.» Dans 11 nouvelles qui dépeignent les calamités du quotidien des Algériens, les mots tentent une touche humoristique. «Les morts rient aux éclats», ou «Mon nikab, mon oxygène», ou encore «Autres temps, autres mœurs», sont des sujets où l'hypocrisie, l'intégrisme et autres maux se dénoncent avec un humour fin et subtil. «Aller à la mairie pour retirer un simple papier administratif, prendre les transports en commun, s'attabler dans un restaurant ou bien voir les cérémonies d'hommage qu'organisent les autorités pour des artistes délaissés de leur vivant ont été mes sources d'inspiration», explique Leïla Aslaoui. Mourad Senouci, directeur du théâtre d'Oran et organisateur de cette rencontre littéraire dans le cadre du Café littéraire du TRO, a exprimé vouloir voir un jour les nouvelles de Leïla Aslaoui adaptées sur scène, tant les sujets sont sensibles et drôles à la fois. «Je trouve qu'il est vraiment important de traiter nos problèmes par l'humour. J'ai appris cela de notre dramaturge Abdelkader Alloula, qui aimait faire passer des messages dans une comédie théâtrale», dit-il. Le recueil de nouvelles est actuellement disponible dans toutes les librairies en Algérie.