Le quart de finale de Ligue des champions entre Arsenal et Barcelone met aux prises les deux plus dignes représentants d'un « football total », offensif et fluide, et qui promet d'offrir un spectacle splendide dès l'aller, mercredi, à Londres. Les deux entraîneurs, Arsène Wenger et Pep Guardiola, revendiquent leur admiration pour Johan Cruyff. L'influence est évidente. « Depuis que j'ai pris le poste, notre jeu est fondé sur le courage et l'offensive. Qu'on gagne ou qu'on perde, on veut montrer ce qu'on est, le type de football auquel nous croyons », dit Guardiola. « Nous sommes très proches dans notre manière de jouer, de former les jeunes, de leur donner des responsabilités », renchérit son homologue. Pour l'ex-joueur d'Arsenal, Dennis Bergkamp, qui a travaillé avec Cruyff à l'Ajax, « la philosophie de Wenger, ce n'est pas seulement d'offrir un beau football, c'est d'offrir un beau football qui gagne. » Dans ce duel entre deux équipes qui aiment conserver le ballon, Barcelone semble avoir un avantage en termes d'individualités. A l'image de Zlatan Ibrahimovic et Lionel Messi, il dispose de plus de joueurs capables de transformer en buts ce mouvement. Privés pour la saison de Robin Van Persie, les Gunners n'ont pas de buteurs de classe internationale, Nicklas Bendtner n'ayant pas répondu aux sceptiques, et comptent surtout sur leurs milieux, Samir Nasri, Andreï Arshavin et Cesc Fabregas. Cesc Fabregas, le Catalan de Londres Avec 18 buts et des passes décisives comme s'il en pleuvait, l'Espagnol est essentiel à la mécanique « Gunner », même si Nasri l'a remplacé avec bonheur contre Porto. Mais le milieu, qui a reçu un coup en championnat, est incertain pour ces retrouvailles avec son club formateur et ses anciens partenaires de la « Masia », Lionel Messi et Gerard Piqué. « Il est moins tendu dans le geste final. Il a gagné en puissance », détaille Wenger qui perdrait gros s'il devait renoncer à son milieu. Mais Guardiola a aussi à déplorer une absence de poids : celle d'Andrés Iniesta, le héros des demi-finale et finale 2009. Le retour du roi Henry Si Thierry Henry peine à conserver sa place de titulaire à Barcelone, il reste une idole à Arsenal pour lequel il a inscrit 226 buts en 369 matches. L'attaquant français n'a jamais été remplacé chez les Gunners qui n'ont plus rien gagné depuis son départ. « Je vais être très ému, mais je resterai aussi calme. Cela va être un match étrange pour moi », a confié le Français qui devrait recevoir un bon accueil à l'Emirates. L'habitude de la victoire Barcelone abordera ce quart de finale plein de certitudes. Les Catalans restent sur un triplé historique en 2009 (C1, Liga, Coupe du Roi) et caracolent en tête de la Liga avec le Real, avec seulement une défaite cette saison. En Premier League, où le niveau général est toutefois supérieur, Arsenal s'est incliné six fois, dont quatre fois contre les « gros bras », Chelsea et Manchester United. Arsenal, qui n'a plus remporté un trophée depuis 2005, a pour l'heure toujours craqué dans les moments cruciaux, ceux qui décident des titres. Ce fut le cas lors de la finale de 2006 contre le Barça, perdue 2 à 1 au terme d'un match qu'ils avaient maîtrisé et mené 1 à 0. Ce fut encore le cas en demi-finale contre Manchester United l'an passé. Et cela a peut-être été le cas le week-end dernier avec un nul concédé dans les arrêts de jeu à Birmingham (1-1), qui compromet les chances de titre des Gunners. « Cela avait le goût d'une défaite », a reconnu Wenger. Inter - CSKA Moscou : Eto'o, place au « spécialiste » Le rêve de l'Inter de remporter la Ligue des champions, quarante-cinq ans après son dernier succès, illusoire ces dernières saisons, a pris un tour bien plus concret ce printemps grâce, notamment, à l'apport de l'attaquant camerounais, Samuel Eto'o, « spécialiste » de l'épreuve. Après trois éliminations successives et logiques, en 8es de finale depuis 2007, le quadruple champion d'Italie a tout aussi logiquement basculé du côté des favoris de l'édition 2010 en venant à bout de Chelsea au même stade de l'épreuve, avec des succès (2-1) à Milan, puis (1-0) à Londres il y a deux semaines. A Stamford Bridge, c'est Eto'o qui a inscrit le but de l'exploit, prouvant une fois encore qu'il était de la trempe des joueurs qui, d'un coup de patte, font basculer les très grandes rencontres, et particulièrement celles de Ligue des champions. Et ça tombe bien, car c'est exactement tout ce que veut l'Inter.