La veuve du «Rebelle» a défendu le combat de Lounès, considérant que s'il était vivant il n'aurait pas accepté une distinction de la part du «système». A l'occasion du 63e anniversaire de la naissance du «Rebelle» et précisément onze mois après le passage de Malika Matoub, sa sœur, Nadia Matoub, sa veuve, a été invitée à son tour par l'association Awal issawal de Melbou pour animer une conférence sur le thème «Matoub, devoir de mémoire». Devant une foule nombreuse venue des communes environnantes, Nadia Matoub, émue, avait assené d'entrée qu'«aujourd'hui, le pouvoir algérien veut enlever Matoub Lounès au peuple amazigh». Pour conforter ses dires et dénoncer cette tentative de récupération de la mémoire du «Rebelle» de la part de l'Etat, elle a cité un événement récent qui s'est déroulé à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou lors duquel la sœur de Matoub a reçu le prix de la mémoire à titre posthume, un prix, dit-elle, «que Matoub, de son vivant, n'aurait jamais accepté de la part du pouvoir algérien». Abondant dans la même logique, la conférencière a affirmé que l'esprit de Matoub ne peut être honoré aujourd'hui par un système qui l'avait criblé de balles en 1988, «et qui lui avait à l'époque refusé même le statut de victime». «Son œuvre est le témoin de son combat. De son vivant, Lounès s'était battu pour les droits de l'Homme, pour tamazgha, contre l'injustice, contre l'intégrisme et pour la liberté de pensée, croyez-vous qu'aujourd'hui ce même pouvoir acceptera de parler de lui en toute honnêteté ?». Et d'ajouter : «Aujourd'hui, je ne comprends pas ce que le pouvoir veut honorer en lui ?» En outre, la veuve de Matoub a réaffirmé son opposition au projet du musée Matoub Lounès : «Matoub est un enfant du peuple, il n'a pas besoin d'un mausolée pour y être adoré, l'esprit de Matoub c'est sa maison avec tous les détails de ce qu'il a laissé à l'intérieur. Je n'accepterais pas qu'on la défigure.» Durant les débats, elle a été interrogée sur les circonstances de l'attentat qui a coûté la vie à Lounès. Nadia Matoub a indiqué que, de l'aveu même des autorités, l'enquête a été «bâclée». «Le juge d'instruction m'avait affirmé dernièrement que le travail doit être repris depuis le début» révèle-t-elle, Rappelons qu'à cette occasion, Nadia Matoub a reçu, comme souvenir de la région de Melbou, un portrait très réussi de son défunt mari confectionné par le très prometteur artiste, Amine Outemzabet, alors que le chanteur Karim Mercel, natif de Tichy, qui a décroché la deuxième place du concours Matoub Lounès, a gratifié l'assistance de plusieurs chansons du «Rebelle».