Le procès historique de 12 dirigeants indépendantistes catalans, dont trois femmes, accusés de tentative de sécession d'octobre 2017, s'est ouvert mardi devant le Tribunal suprême de Madrid. Accusés de “rébellion” contre l'Etat espagnol, “détournement de fonds” et “désobéissance”, Après avoir organisé le 1 er octobre 2017 un référendum d'autodétermination interdit par la justice, et proclamé le 27 octobre une république catalane indépendante, les 12 leaders indépendantistes catalans risquent de lourdes peines, de sept à vingt-cinq ans de prison. C'est le premier grand procès politique jamais organisé dans l'Union européenne. Un procès inédit et un moment historique pour le Tribunal suprême.” C'est le procès le plus important que nous ayons organisé depuis le rétablissement de la démocratie», après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975, a précisé, Carlos Lesmes, le président du Tribunal suprême. Ce procès, dont le verdict ne devrait pas être rendu avant le mois de juillet 2019, sera retransmis en direct à la télévision. Les séparatistes dénoncent une “farce” et un tribunal politique. La première journée du procès a donné lieu aux questions préliminaires des avocats de la défense. Ils ont demandé la nullité pure et simple de la procédure, en remettant en cause l'intégrité du juge d'instruction et d'une partie du tribunal. Jordi Pina, avocat de trois des accusés, a même demandé explicitement aux magistrats “de jouer leur rôle de juges et non pas de sauveurs de la patrie espagnole “. Y a-t-il eu violence ? La question est au centre du procès. Le chef d'accusation contesté de rébellion supposant un soulèvement violent. Les indépendantistes affirment eux que la seule violence a été celle des policiers le jour du référendum, dont les images ont fait le tour du monde. Oriol Junqueras, l'ancien vice-président catalan, est le principal accusé, contre lequel le parquet a requis 25 ans de prison. Des peines allant de 7 à 17 ans ont été par ailleurs requises contre les 11 autres accusés, dont l'ancienne présidente du parlement catalan, plusieurs “ministres” régionaux et les responsables des associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural. Des centaines de personnes témoigneront lors de ce procès, à l´instar de l'ancien chef de gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, qui était au pouvoir au moment des faits. Carles Puigdemont, un absent de taille Carles Puigdemont, actuellement en exil en Belgique et principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne d'octobre 2017, sera appelé à témoigner, mais ne viendra pas au risque d'être arrêté et jugé, l'Espagne ne jugeant pas par contumace, son absence pèsera beaucoup sur les débats. Carles Puigdemont, est le grand absent lors de ce méga-procès contre les dirigeants séparatistes. Actuellement à Berlin, a demandé à Madrid “d'absoudre les 12 personnes mises en examen. Pour l'ancien président de la région catalane, ce procès sera un “test de résistance pour la démocratie espagnole”. Il a assuré que “ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu et indiqué espérer qu'il facilitera à “démasquer la construction artificielle d'une procédure politique”. “À partir d'aujourd'hui, le système judiciaire espagnol est soumis à un test de résistance pour la démocratie espagnole”, a dénoncé, l'ancien président catalan, depuis Berlin. Manifestations de soutien Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Barcelone à la fin du premier jour du procès des leaders indépendantistes catalans. Arborant le nœud jaune et brandissant le mot “Freedom”.D'autres mobilisations sont prévues dans différentes villes catalanes dans les prochaines semaines, mais aussi à Bruxelles et dans des villes allemandes telles que Berlin, Hambourg et Cologne. Plusieurs membres de l'association indépendantiste ANC ont occupé le siège de l'Union européenne pour réclamer à l'institution de faire un geste pour les prisonniers catalans. Le numéro deux de l'association, Pep Cruanyes, dénonçait un procès injuste. ” Ce n'est pas un procès politique mais un procès contre la démocratie.”A-t-il déclaré, face à près de 4000 manifestants. La présidente de l'ANC, Elisenda Paluzie, pense que ce procès en train de transformer un droit en un délit. Un référendum ne doit en aucun cas être considéré comme un délit dans le Code pénal. “J'ai assisté au premier jour d'un procès qui n'aurait jamais dû avoir lieu dans un pays qui espère être considéré comme démocratique. Voir nos ministres, le président du parlement, devant une cour criminelle est en soi une attaque contre la démocratie et les droits de l'homme et un embarras honteux pour l'Europe du 21e siècle.” a dénoncé l'actuel président de la Catalogne, Quim Torra, qui qualifie le procès de “mascarade”.