La maison de la Culture Ould Abderrahmane Kaki abrite depuis vendredi dernier une surprenante et inattendue exposition du peintre Mohamed Oulhaci. La première surprise tient du choix du jour du vernissage : un vendredi ! La seconde est en rapport avec la nature des œuvres exposées : de la peinture numérique ! Et, enfin, la troisième concerne le nombre d'amateurs qui ont convergé de toutes parts pour assister au vernissage. Mais le miracle dans ce genre de manifestation est toujours du côté de l'artiste. S'agissant de Mohamed Oulhaci, dont la réputation aura largement dépassé les frontières de l'Afrique, du Monde Arabe et de la Vieille Europe, il n'est pas surprenant que ses nombreux admirateurs aient effectué le déplacement depuis les grandes villes de l'Oranie. Cette exposition devrait, à en croire H'mida Aïci, le directeur de la maison de la culture, ouvrir un cycle qui verra la participation de nombreux et talentueux artistes algériens. L'exposition aura regroupé 21 œuvres, toutes réalisées par ordinateur. Usant de formats peu conventionnels, les œuvres ont la particularité d'avoir été imprimées sur de la toile, bien que les motifs n'ont en rien dérogé au style de M.Oulhaci, avec ces silhouettes évanescentes de femmes drapées dans des costumes sahariens. Le regard est agréablement accroché par des couleurs inhabituelles chez ce maître en la matière dont l'art abstrait se conjugue au figuratif éphémère. Ceux qui s'attendaient à une transgression ont trouvé matière à jubilation, car des tonalités des gris orthodoxes de ses œuvres minérales, Oulhaci ne s'est pas privé de puiser dans l'insondable palette numérique. Une belle profanation pour marquer le décalage. Pour les puristes, il manquera bien sûr les subtiles rugosités de cette peinture généreuse à laquelle nous sommes habitués. Pour les autres, les nombreuses et subtiles divagations chromatiques donneront assurément de quoi contenter les amateurs d'une réelle création que seuls les vrais artistes rendent possible. L'exposition est visible à la maison de la culture de Mostaganem et, ce, jusqu'au 24 avril. Ensuite, elle voyagera au pays du cèdre, le lointain Liban, pour s'offrir au regard tendre des étudiants de l'école des beaux arts de Beyrouth.