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“Un peintre qui regardait le monde avec distance et acuité”
POUR LA PREMIÈRE FOIS EN ALGéRIE, LES ŒUVRES D'OLIVIER DEBRE SERONT EXPOSEES, À PARTIR DU 26 MAI, AU MAMA
Publié dans Liberté le 18 - 05 - 2010

Olivier Debré sera le premier peintre français à exposer en Algérie. Une centaine d'œuvres, entre peintures, sculptures et photographies, seront visibles, durant trois mois, au Mama,
à Alger.
L'ambassadeur de France à Alger, M. Xavier Driencourt, et le directeur du Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama), Mohamed Djehiche, ont tenu, hier matin, au Mama, une conférence de presse, durant laquelle ils ont annoncé la tenue d'une exposition consacrée au peintre français, Olivier Debré, du 25 mai au 25 août 2010. En effet, et pour la première fois depuis l'Indépendance, les œuvres d'un peintre français seront visibles en Algérie, dans une exposition qui lui sera totalement consacrée. “Cette exposition est née à partir d'une proposition de l'ambassadeur français, M. Xavier Driencourt. Ensuite, toutes les équipes (du ministère de la Culture, les services de l'ambassade, de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, du Mama) se sont mises à travailler pour sa concrétisation”, a annoncé, M. Djehiche, en préambule, avant d'ajouter : “Une grande partie de l'exposition provient de la galerie parisienne Louis-Carré.” M. Xavier Driencourt a, de son côté, raconté la genèse de cette exposition.
En fait, son épouse est la nièce d'Olivier Debré, et lors d'une visite au Mama en compagnie de son épouse et de la fille d'Olivier Debré, ils sont tombés sous le charme de l'endroit. Ils ont donc proposé au Mama d'abriter une exposition qui lui sera consacrée totalement. “Olivier Debré n'est jamais venu en Algérie et n'a jamais peint l'Algérie, mais ses couleurs lui aurait beaucoup plu”, a déclaré M. Driencourt. Il dira, plus tard : “Au-delà de toutes les difficultés qu'on rencontre parfois dans nos relations bilatérales, l'art et la peinture sont un moyen de se parler ; c'est une passerelle entre la France et l'Algérie. Heureusement que l'art est encore à l'abri des relations parfois difficiles.” Mohamed Djehiche a donné un aperçu critique sur l'œuvre du peintre français, qui appartient à une grande famille de la “troisième République”, et qui représente “un des plus grands coloristes du XXe siècle”. “Il fallait absolument qu'il y ait une chronologie dans cette exposition, qu'on montre une exposition pédagogique.”
Dans sa présentation, M. Djehiche a également mis l'accent sur le choix de l'abstraction par Olivier Debré et les peintres algériens contemporains. “Comme pour les Algériens, l'abstraction a été l'outil pour sortir du sous-développement, elle ouvrait les portes de la modernité”, a estimé M. Djehiche. En fait, après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une réelle rupture chez les peintres de l'époque, qui ont laissé le dessin et le figuratif de côté, pour s'illustrer dans l'art de l'abstraction. C'est la forme, la couleur et la lumière qui seront au centre des créations de ces artistes, car, d'après M. Djehiche, “les sociétés aspiraient à la lumière, à la couleur porteuse de joie”. En outre, le directeur du Mama a considéré que le public algérien découvrira, durant cette exposition, qui s'étalera sur trois mois, “un peintre plein d'harmonie et de sérénité ; un peintre qui regardait le monde avec distance et acuité”. Olivier Debré est un peintre français, décédé un certain 2 juin 1999.
Il a été, et demeure encore, un des plus grands artistes du siècle passé. Sa palette n'a cessé de s'enrichir et ses œuvres demeurent un patrimoine universel. Par ailleurs, deux conférences guidées auront lieu au Mama, le 26 mai et le 12 juin, et seront dirigées par la critique d'art, Lydia Harambourg, et le directeur des musées d'Angers, Patrick Le Noëne. Ce dernier animera également une conférence à Dar Abdeltif, le 11 juin prochain. De plus, des conférences dans tous les centres culturels français d'Algérie seront organisées du 22 mai au 14 juin prochain. L'exposition, qui sera ouverte au public dès le 26 mai, promet, en plus de ses surprises, la découverte d'un grand humaniste de la peinture.


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