Manifestation n Le musée des Beaux-Arts abrite une exposition rétrospective regroupant les œuvres du peintre Mohamed Zmirli. L'exposition, qui se veut un hommage à cet artiste disparu en 1984, comprend, outre des croquis et des manuscrits de l'artiste, près de cent vingt tableaux. «Depuis sa disparition, aucune exposition de ses tableaux n'a été organisée, et nous avons constaté, à la longue, que son nom a été oublié», a dit la fille du défunt, ajoutant que «rares sont ceux qui connaissent Mohamed Zmirli, hormis ceux de sa génération ou ceux d'après. Nous avons donc décidé d'organiser une exposition en vue d'entretenir sa mémoire, pérenniser son nom, parce que nous n'avons pas le droit de le laisser dans l'oubli. C'est un devoir de mémoire, et c'est un hommage que nous lui rendons lors de cette exposition qui coïncide avec le 22e anniversaire de sa disparition.» Par ailleurs, elle a expliqué les raisons qui ont fait que la famille Zmirli a refusé d'organiser durant ces vingt dernières années des expositions en la mémoire de son père. «Au quarantième jour de sa mort, une vingtaine de tableaux a été volée de l'atelier de mon père. Nous avons saisi Interpol, mais sans aucun résultat. Et de peur de voir ses tableaux à nouveau disparaître, sa famille a décidé alors de ne plus les exposer», a-t-elle expliqué. Il est à souligner que l'exposition comprend la collection de la famille Zmirli, celle du musée des Beaux-Arts, et des tableaux des collectionneurs. La fille de l'artiste a regretté que certains collectionneurs ont refusé de prêter, pour cette occasion, leurs tableaux au musée. Evoquant son père, l'héritière a souligné que «Mohamed Zmirli était un homme très sensible outre son combat et son militantisme pour la culture, mais aussi pour son pays». Et d'ajouter : «C'était un personnage qui aimait l'art. Il était peintre, sculpteur sur bois et sur ciment. C'est d'ailleurs lui qui avait sculpté les meubles de sa maison. Il avait fait des recherches sur la peinture préhistorique ainsi que sur les arts islamiques. Il avait également écrit ses Mémoires. C'était un homme très manuel et inspiré». Toutefois, elle a tenu à confier que son père présentait, à la fin de sa vie, des signes d'aigreur et d'affliction et qu'il avait disparu l'âme triste. «A la fin de sa vie, mon père était très amer. Il est parti avec une grande mélancolie», a-t-elle dit. Et de poursuivre : «Parce qu'à l'époque, et vu l'état des choses notamment dans le milieu culturel et de la création artistique, mon père se sentait désabusé. Il s'était carrément retiré à partir de 1980 et préférait abandonner tout et consacrer le reste de sa vie à ses livres». Mohamed Zmirli, né le 18 février 1909 à Tizi Ouzou, est décédé le 7 décembre 1984. Autodidacte, il manifesta très tôt un intérêt pour le dessin. En 1924, il s'installa à Alger et c'est alors que son don s'affirma en réalisant sa première peinture à l'huile en 1927. Aujourd'hui, le musée des Beaux-Arts tient à lui rendre un vibrant hommage en organisant une belle exposition qui, haut en couleurs et chargée de souvenirs, donc d'émotions, regroupe ses plus belles peintures. l L'exposition comprend des peintures que l'on peut répartir en trois catégories. Il y a d'abord des peintures traitant des paysages urbains et également naturels. Dans certains tableaux, il est peint Alger et sa baie, des ruelles et des quartiers, des ports et des vues sur mer (jetées), dans d'autres des villages de Kabylie y compris leur décor champêtre et leur site boisé. Il y a ensuite des peintures qui représentent des jardins fleuris et des compositions florales. «Mon père aimait beaucoup les fleurs et aimait les peindre. Il les cueillait dans son jardin» a confié sa fille. Et pour la petite histoire : «Mon père offrait des fleurs à Mohamed Racim, et celui-ci s'en inspirait pour en faire ses miniatures», a-t-elle raconté. Il y a, enfin, des portraits. «Mon père faisait aussi des portraits. Il a peint sa mère, sa sœur et bien d'autres personnes encore». Que pouvons-nous dire de l'œuvre de Mohamed Zmirli ? D'abord Mohamed Zmirli était un paysagiste. Il aimait peindre les lieux urbains (qui sont aussi des paysages) et notamment la nature, une amante, un refuge, une amie ou une confidente. Il peignait, et cela se ressent dans ses tableaux, avec spontanéité et beaucoup d'amour. Ce qui impressionne et émeut, c'est bien toutes ces couleurs empruntées à la nature, des couleurs attachantes et qui provoque en chacun de l'effet. Elles nous entraînent dans de douces rêveries. On peut déceler une foi en cette passion que sont l'art et la peinture. D'ailleurs sa fille le confirme : «Mon père avait foi en l'art, en la peinture» ; et ce rapport, allons dire religieux, se révèle être l'essence même de sa création.