Un colloque sur le thème « Les traces postcoloniales en France. Négation coloniale, trous de mémoire ou trop de mémoire ? » se déroulera les 28 et 29 mai à la Sorbonne. Il est organisé par le Groupe d'études transversales sur les mémoires (GETM) du Centre Alberto-Benveniste dans le cadre de l'édition 2010 du Pari(s) du Vivre-Ensemble. Esther Benbassa est du genre tenace et décidée. Elle vient de publier avec Jean-Christophe Attias aux, éditions Larousse, un formidable travail de recension sous le titre, Dictionnaire des racismes, de l'exclusion et des discriminations. L'épais ouvrage ne compte pas moins de 500 entrées, compulsées et mises en forme par un panel d'une quarantaine de spécialistes. Ce dictionnaire, destiné à un large public, est une première en France. Parmi les questions posées : « peut-on dire que la France est une société postcoloniale ? » « Comment peut-on être musulman en France ? » « La guerre des mémoires aura-t-elle lieu ? » « Existe-t-il une éducation contre le racisme ? » Sans rapport direct avec cet ouvrage, mais dans la même lignée de recherche universitaire, des réponses à ces interrogations seront apportées, les 28 et 29 mai, à la Sorbonne, au cours d'un judicieux colloque intitulé : « Les traces postcoloniales en France. Négation coloniale, trous de mémoire ou trop de mémoire ? », qu'elle coordonne avec Jean-Christophe Attias. Les thèmes abordés traiteront de : « Les mémoires politiques du fait colonial. Examen clinique d'une controverse », « La race, une catégorie d'entendement impensé en politique ? » et « Culture raciale et culture coloniale ». Un thème d'actualité avec une intervention : « La mission parlementaire sur le voile intégral : débats internes et déclarations publiques des membres ». La deuxième thématique apportera des éclairages : « les émeutes urbaines sont-elles porteuses d'une mémoire postcoloniale ? », en posant la question sur : « Les identités recomposées : Noirs, Arabes, Blancs lors des émeutes de novembre 2005 ». Le thème du lendemain, samedi 29 mai, sera consacré d'abord aux « passeurs potentiels de mémoires postcoloniales », en se demandant comment se fait l'apport de la littérature postcoloniale à la mémoire et, dans ce même domaine, qu'en est-il du postcolonialisme et des écrivains issus de l'immigration maghrébine ? L'Afrique du Nord, et la décolonisation de l'Algérie particulièrement, sera au centre d'une contribution assez inédite sur le thème : « Mémoire retrouvée pour histoire oubliée. Littérature juive d'expression française écrite par des juifs d'Afrique du Nord dans le contexte postcolonial ». On parlera de fiction postcoloniale au cinéma et dans la musique (« la diffusion des stigmates ethnoraciaux »). Enfin, le thème de la dernière table ronde sera : « L'histoire et la mémoire nationales : quelle place pour les mémoires postcoloniales ? ». Avec, notamment, des contributions qui traiteront directement du fait algérien avec Pascal Blanchard : « La France et le regard postcolonial : l'histoire d'une incompréhension » et Jean-Luc Einaudi : « Conflits et places dans les mémoires collectives autour du 17 octobre 1961 et de Charonne (8 février 1962) ». Gilbert Meynier (professeur émérite à l'Université de Nancy 2) et Tahar Khalfoune (IUT Lumières de l'Université Lyon 2) aborderont : « Histoire de l'Autre, d'Israël-Palestine à Algérie-France : vers une histoire franco-algérienne ? ». Seront proposées aussi les pistes de réflexion sur le thème : « L'itinéraire du colonial à l'école (1881-2010) ».