Hier jusqu'au début d'après-midi, les réactions politiques en France étaient peu nombreuses, comme si tout le monde se plaçait en position d'attente. On sentait une certaine appréhension que le retrait de la candidature Bouteflika pouvait en fait s'avérer être un leurre, comme l'application d'un des nombreux plans concoctés ces derniers mois par le régime algérien. Depuis Djibouti où il était en déplacement, le président Emmanuel Macron, dont c'était la première intervention sur l'Algérie, ne s'est pas risqué à un pronostic d'avenir, indiquant saluer « la décision du président Bouteflika qui signe une nouvelle page ». Il a souhaité « une transition d'une durée raisonnable ». Etonnamment du reste, il a souligné « le professionnalisme des forces de sécurité » algériennes. Une réaction surprenante alors que la police française est accusée depuis novembre d'une violence disproportionnée face aux manifestations des Gilets jaunes. Avec enfin tout de même un mot sur la population d'Algérie, ignorée jusque là : « Je salue la dignité avec laquelle la population, en particulier la jeunesse algérienne, a su exprimer ses espoirs, sa volonté de changement ». Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, père de la désormais célèbre formule « Ni indifférence, ni ingérence » a salué « des mesures pour rénover le système politique algérien». L'ancien socialiste et candidat à la présidence de la République, Benoit Hamon, a relevé la « constance » des Algériens et « leur force ». « Ce n'est qu'un début. D'autres victoires pour plus de justice vont venir. Vive la démocratie », a-t-il twitté. Quant à Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) : « Par sa mobilisation massive, le peuple algérien obtient la satisfaction de sa principale revendication. Chapeau le peuple algerien ! En France on devrait y réfléchir! » Avec ses outrances habituelles, les responsables de l'extrême-droite n'ont aucun respect pour la lutte du peuple algérien. La crainte portée par la présidente du mouvement Rassemblement national, Marine Le Pen, est l'”afflux migratoire”. Elle a demandé la suspension des visas. Relevant tout de même en Algérie une « soif de démocratie » comme en France, où “il n'y a pas véritablement (de démocratie) non plus ». Pour Nicolas Bay, du même RN : « “Il y a un risque que les islamistes profitent de la situation. On avait eu le printemps arabe d'abord, l'hiver islamiste ensuite: il faut espérer que ça ne soit pas le cas en Algérie » Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, sur France Inter a préféré voir « la force d'une foule, dans le calme, dans la retenue, qui a poussé Bouteflika à ne pas briguer un cinquième mandat » Le secrétaire national du Parti communiste français voit en Algérie « la preuve qu'un peuple debout, uni et déterminé arrive toujours à se faire entendre. Bravo aux Algériens et aux Algériennes. » Pour la sénatrice des Verts Esther Benbassa, c'est « une première et magnifique victoire des Algériens et des Algériennes. L'avenir est ouvert, à eux et à elles de le construire, soyons à leurs côtés! » Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière, elle estime que « c'est en restant mobilisé que (le peuple) empêchera les tours de passe-passe du régime! Force et courage à nos frères algériens! » Enfin, à l'extrême-gauche aussi, le Nouveau parti anticommuniste note sur son site internet : « La France est vue comme complice de cette caste qui tente de privatiser l'Etat et ses richesses, car c'est son principal soutien au point où le slogan «nous ne demandons pas à la France et aux USA de nous accompagner ni de nous donner des leçons ou des recettes, nous demandons juste de nous fournir la liste des biens mal acquis et des comptes bancaires des dirigeants afin de pouvoir en récupérer les sommes et de les juger »est très récurrent sur les pancartes »