Une personne qui n'est pas originaire de Cisjordanie serait assimilée à une « infiltrée » sur sa propre terre… Un ordre militaire israélien, qui entre en vigueur aujourd'hui, permet aux autorités israéliennes d'expulser de la Cisjordanie occupée, y compris la ville sainte d'El Qods, des dizaines de milliers de Palestiniens. Il suffit qu'une personne soit née dans la bande de Ghaza, ou même que l'un de ses parents soit originaire de l'enclave palestinienne, ou qu'elle ait séjourné à l'extérieur de la Cisjordanie occupée ou de la ville sainte d'El Qods, pour être assimilée à un « infiltré ». La personne ainsi arrêtée devient passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 7 ans de prison assortie d'une amende de près de 1500 euros. Les épouses étrangères de Palestiniens seront désormais considérées comme infiltrées et seront expulsées, ce qui met en péril la stabilité de milliers de foyers. En général, les tribunaux civils israéliens empêchaient des expulsions de Cisjordanie visant ces personnes. Mais le décret prévoit que ces dossiers seront désormais soumis à la juridiction de tribunaux militaires : en l'espace de trois jours après leur arrestation, les personnes visées seraient alors jugées en tant « qu'infiltrées », susceptibles d'être expulsées vers le pays ou la région d'où elles sont venues « illégalement ». Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé ces nouvelles mesures qui, selon lui, ne touchent pas les Israéliens. Les Palestiniens de la ville sainte d'El Qods doivent désormais obtenir des permissions spéciales pour se rendre dans leurs terres situées dans les régions de Zaaim et de Aissaouiya considérées comme faisant partie des terres relevant du projet de colonisation E1, s'ils ne veulent pas faire de la prison ou payer des amendes. Familles séparées Les Palestiniens vivant près du mur de séparation raciste courent le même risque s'ils se rendent dans leurs terres situées de l'autre côté du mur. Ceci met en danger ces terres, car comme on peut l'imaginer, les permissions spéciales ne seront pas facilement délivrées, ce qui permettra aux Israéliens de les usurper plus facilement qu'avant. Saeb Erekat, le négociateur palestinien en chef, considère cet ordre militaire israélien comme faisant partie des décisions israéliennes de purification ethniques pratiquées par le gouvernement israélien, et qui mine les pourparlers, les négociations et les accords. « Nous avons contacté l'Administration américaine ainsi que les pays européens, nous les avons mis au courant de la gravité de la situation et la substance de la présente décision exige leur intervention immédiate » a affirmé M. Erekat, soulignant que de telles décisions conduisent à « davantage de violence, au chaos, à l'extrémisme et à plus d'effusion de sang ». Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la Présidence, a déclaré que la déportation des Palestiniens de la Cisjordanie est inacceptable et contraire aux accords signés. « Les Palestiniens ont le droit de résider en tout lieu du territoire palestinien occupé », a-t-il déclaré. Quant à Nabil Shaath, membre du comité central du mouvement Fatah, il a considéré l'ordre militaire israélien comme une purification raciale contraire au droit international et aux Conventions de Genève. Il a estimé la décision incompatible avec les Accords d'Oslo et des engagements internationaux visant à établir un Etat palestinien indépendant aux côtés d'Israël, et contraire à toutes les valeurs humaines de liberté, de démocratie et de coexistence pacifique entre les peuples.