Les petits pêcheurs sont soumis à une interdiction de vente au niveau du port de Tigzirt. « Seule la plaisance compte dans ce port », ironise un pêcheur. Depuis la mise en exploitation du nouveau port de pêche et de plaisance de Tigzirt, il y a deux ans, la soixantaine de pêcheurs qui y exercent leur activité sont continuellement confrontés à une noria de problèmes. « Il y a trop d'anarchie dans ce port », lâchera un pêcheur. En fait, ils dénoncent l'interdiction de vente de poissons sur les lieux (dans l'enceinte du port) par l'EGPP (l'Entreprise de gestion des ports de pêche et de plaisance). Un huissier de justice s'est déplacé la semaine passée au port, après trois mises en demeure. Pourtant, assurent quelques pêcheurs, au port d'Azeffoun, le poisson se vend sans le moindre problème, bien que l'organisme gestionnaire soit la même : EGPP. Ils se demandent alors où vendre ce poisson puisqu'en ville, la police sévit. Les professionnels de la pêche ont l'impression d'être livrés à eux-mêmes, au grand dam des amateurs de fruits de mer ou de belles pièces qu'ils ne peuvent s'offrir, étant hors de prix à Tigzirt-ville. Ces artisans ne s'expliquent toujours pas pourquoi, depuis deux ans, les cases pêcheurs soient toujours alimentées par un compteur électrique commun, qui de surcroît, subit toutes sortes d'intempéries. « Nous avons cotisé par deux fois pour changer le disjoncteur », rappelle-t-on et de nous ajouter qu'« actuellement, il n'en existe pas », avec le risque des courts-circuits que cela suppose. Idem pour le compteur d'eau. Or, chaque case pêcheur est dotée d'une installation dans ce sens. De plus, il leur est formellement interdit de faire sécher leurs vêtements à l'extérieur de leurs cases, ni d'y attacher des cordes. « On n'y peut même pas réparer nos filets », assure l'un d'eux. Pourtant, un panneau indique clairement « Zone réservée aux pêcheurs », mais dans les faits, l'exercice de l'activité est très contrôlé. Pour cela, les agents de sécurité surveillent le moindre manquement aux directives, tandis qu'« ils ferment l'œil quant à l'incivisme des touristes », sous toutes ses formes, y compris l'accès des véhicules. Sur le plan administratif, la Chambre de la pêche et de l'aquaculture (CPA) affirme avoir saisi à plusieurs reprises l'EGPP quant aux doléances de la corporation. Hélas ! La réponse tarde toujours. « Lors de nos réunions, le représentant de cette entreprise reconnaît son incapacité à résoudre nos problèmes », soutiennent des membres de la CPA, présents au port. Pour eux, ni la halle, ni la station d'avitaillement, ni les autres blocs administratifs, de prime abord primordiaux, ne sont pas encore lancés. On parle aussi de cases non encore attribuées, en dépit des demandes qui restent en souffrance. 40 bénéficiaires de ces cases sur 60 attendent d'être conventionnés à l'EGPP, depuis deux ans. A croire que « seule la plaisance compte dans ce port », ironise un pêcheur. Et encore ! puisque d'après ses propos, même les sanitaires sont fermés au public. Notre interlocuteur affirme que l'usage veut que le Foyer des marins, ailleurs ouvert 24h/24, soit géré par l'un des leurs. Pareil pour la coopérative du matériel de pêche. La formule de la concession, prônée par l'EGPP, a fait bénéficier « les plus offrants », suppute-t-on, au détriment du pêcheur.