De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les deux ports de Tigzirt et d'Azeffoun dans la wilaya de Tizi Ouzou, pourtant mis en service ces dernières années, risquent de ne plus servir d'ici peu à cause du phénomène d'ensablement qui commence à produire ses effets, inquiétant sérieusement les marins pêcheurs de la région de Kabylie. Quoique l'inquiétude ressentie parmi les professionnels n'ait pas encore atteint des dimensions à faire réagir les responsables du secteur, en raison peut-être du nombre relativement faible de marins pêcheurs et des moyens dérisoires qu'ils possèdent, la menace est imminente et les conséquences inéluctables. Ces deux projets ont nécessité des budgets importants et des délais de réalisation plus que la moyenne. Si, pour le moment, la sonnette d'alarme est tirée par des marins pêcheurs chargés par leurs pairs de transmettre leurs doléances aux autorités de la wilaya, il y a plus d'une année, les choses ne semblent pas évoluer sur le terrain, ce qui fait craindre une situation de fait accompli irrattrapable. «Le port de Tigzirt risque l'ensablement entier d'ici deux années», déclarait en avril dernier M. Arezki Mahrour, marin pêcheur et porte-parole des professionnels de la région en tenant compte des données relevées par les adhérents de l'association des marins pêcheurs. Le phénomène d'ensablement dans les ports qui se traduit par des cumuls de dépôt de sable formés par l'eau ou le vent au niveau des passes de Tigzirt et d'Azeffoun causerait à court terme la cessation de toute activité de pêche ou de plaisance. «Les palangriers et espadonniers du port, pourtant de dimension juste moyenne, éprouvent des difficultés à accéder à la passe à cause du sable. Dans quelque temps, les choses pourraient se compliquer, et la passe pourrait devenir totalement inaccessible», avertissaient les concernés. Pourquoi et malgré leur récente réception après des retards énormes, les deux seuls ports que compte Tizi Ouzou sont-ils menacés carrément de fin d'activité ? Un ancien pêcheur d'Azeffoun esquisse une explication qui semble juste. Selon lui, la disposition des deux passes des ports Azeffoun et de Tigzirt ne répond pas aux normes en vigueur dans le domaine maritime. «La disposition latérale ou horizontale de toute passe est mal conseillée dans la conception des ports parce qu'elle permet le phénomène désastreux d'ensablement. Dans aucun port du monde vous ne verrez ce qui a été fait à Tigzirt ou à Azeffoun. C'est complètement aberrant et un gaspillage d'argent», dit-il en soutenant que le plan des deux infrastructures portuaires était faussé dès le départ. Et la solution, de surcroît provisoire, coûterait chère. Le dragage est en fait le procédé technique indiqué dans ce genre de situation extrême pour désenvaser le périmètre de la passe mais il est tellement coûteux, selon des professionnels, qu'il est actuellement difficile ou embarrassant pour les responsables locaux de prendre cette décision qui est pour l'heure la seule sortie de cette impasse. «Le dragage n'a pas été fait même si les autorités [la direction des travaux publics, entre autres] ont été alertées il y a un an. Nous savons que le dragage coûte cher, mais c'est la seule solution», souligne un représentant des marins pêcheurs. Il ajoute qu'avec la nouvelle technologie maritime l'ensablement peut être évité. Pour rappel, les ports de Tigzirt et d'Azeffoun manquent de beaucoup sinon de la plupart des commodités basiques que doit avoir un port digne de ce nom, comme une halle de vente de poissons, des chambres froides ou entrepôts frigorifiques opérationnels. L'absence de treuils, d'ateliers de réparation navale, de poissonneries et de foyers des marins est noté par les concernés.