Pour sa toute première conférence en qualité de secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le Jordanien Ahmad Massa'deh, a eu la désagréable surprise, mardi à Barcelone, de devoir prononcer la mort clinique de ce bloc hétéroclite. Censée réanimer un processus qui bat de l'aile depuis l'agression israélienne contre Ghaza, la conférence sur la stratégie de l'eau en Méditerranée a plutôt élargi le fossé entre les deux rives. Et comme il fallait s'y attendre, c'est encore une fois Israël qui a mis son grain de sel et fait gripper, sans doute pour longtemps, la machine déjà très mal huilée de l'UPM. Il a suffi d'une simple référence aux « territoires occupés », demandée par les pays arabes pour que le délégué d'Israël crie au scandale. Mine de rien, la stratégie méditerranéenne de l'eau qui devait être adoptée par la conférence a coulé séance tenante. Et sans doute l'UPM avec. Signe que ce processus se meure chaque jour un peu plus, le secrétaire général lui-même, désigné au forceps, n'a pas hésité à parler de « fiasco ». Un fiasco qui, d'après lui, « fait planer des doutes sur l'avenir de l'UPM ». Mais en réalité, Ahmad Massa'deh a juste voulu, en sa qualité de chef, entretenir une petite lueur d'espoir de ce que le sommet du 7 juin prochain, également à Barcelone, puisse se tenir. Mais c'est mal parti. Les observateurs s'accordent à relever l'incertitude sur ce sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, alors même que les experts ont du mal à s'entendre sur des questions aussi claires que l'eau…C'est que l'UPM portait en elle les germes de son pourrissement quand bien même l'aventure paraissait excitante. Lancée tambour battant en 2008 sur initiative du président Sarkozy, et regroupant 43 pays – les 27 de l'UE, Turquie, Israël, les pays arabes riverains de la Méditerranée –, l'Union pour la Méditerranée s'est donné des ambitions nettement au-dessus de ses moyens. C'est, en effet, une gageure que de vouloir faire cohabiter les pays arabes et Israël alors même que ce dernier conteste l'existence à un pays (la Palestine) qui, plus est, est vice-président de l'UPM ! Israël voudrait tout simplement que les vocables « Palestine ou territoires occupés » soient bannis du lexique institutionnel de l'union, si possible avec la bénédiction des pays arabes…C'est pourquoi, l'UPM ne serait qu'un échec sous toutes les coutures.