Mardi dernier, la foule, en marge de la marche des blouses blanches à Tiaret, a marqué un temps d'arrêt devant une résidence d'Etat pour vilipender cette frénésie de concessions de biens immobiliers à des personnes par les pouvoirs publics locaux. «Vous avez tout vendu», clamait la foule. Dans les faits, on est bien plus loin dans l'approche, puisque même des terrains appartenant à des entités publiques semblent faire l'objet de bradage. Qu'on en juge plutôt. Il y a quelques jours, la direction de Sonelgaz (SDC) a été avisée par ses employés qu'une personne influente de la région est venue poser un gros cadenas sur le portail du parc situé rue Larbi Tebessi, un bien acquis en vertu d'un acte dûment établi et référencié n° 85 du 4 juillet 1979 et publié le 11 septembre de la même année sous le volet 825/69. D'autres documents, dont l'acte administratif, délivré par les services de la Conservation foncière, subdivision de Frenda, sont détenus par cet organisme qui obéit à des contrôles régional et national. Après s'être aperçu de ce grave déni de droit établi par la subdivision des services de la Conservation foncière au profit d'un particulier au mépris de la loi et du bon sens, une lettre d'opposition a été introduite le 10 février 2019 (référence 466/2019) auprès du subdivisionnaire de la Conservation de Frenda avec refus de réception. Une deuxième correspondance à l'adresse du directeur des Domaines a été introduite le14 février 2019 et énième refus d'accusé de réception. En dernier ressort, et pour s'inscrire dans la légalité et suivre le cheminement de l'affaire, une autre correspondance a été adressée le 18 février 2019 à la direction régionale de la Conservation foncière de Relizane, avec copies pour information à la direction générale des Domaines et au ministère des Finances. En parallèle, les services du contentieux de Sonelgaz ont saisi le président de l'Assemblée populaire communale de Frenda à l'effet de surseoir à la délivrance du permis de construire car, s'il le faisait, il enfreindrait la réglementation et en assumera les conséquences. On ne sait pas si cette assemblée va entériner cette procédure ou si elle restera mue par le souci de préserver le droit qui reste au-dessus de tout. Hors de lui, le directeur de Sonelgaz, qu'on a été voir, hier, précise que «ce bien acquis en bonne et due forme devait servir à la réalisation d'un service technique mais, quelque part, on veut saborder nos efforts visant à maintenir cette entreprise nationale et l'affaiblir». Inutile de décrire les élucubrations que beaucoup de citoyens se font de la gestion de la chose publique et qui font monter les surenchères les plus folles, a fortiori quand des biens à la valeur vénale établie sont cédés non pas pour utilité publique mais pour faire dans l'affairisme outrageant. Par souci d'objectivité, on a saisi le directeur des Domaines, hier, mais ce dernier réfute paradoxalement avoir eu vent de cette affaire, alors que ses services ont été bel et bien saisis par écrit.